" Wat we zelf doen, doen we beter " (ce que nous faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux) constitue depuis Gaston Geens (CVP) le mantra de tous les gouvernements flamands et la ligne de conduite politique des nationalistes/indépendantistes.
La N-VA a repris le rôle de feu le CVP de premier parti du Nord, poursuivant l’ "œuvre" du premier ministre-président de Flandre (de 1981 à 1992).
Revanche
Mine de rien, cela fera bientôt 20 ans que les nationalistes occupent des fonctions dans les gouvernements flamands et 10 ans que la N-VA préside aux destinées de la Flandre.
Comme le CVP au siècle dernier, la N-VA s’identifie intimement à la Flandre et entend que l’inverse soit également vérifié.
En installant Jan Jambon à la tête du gouvernement flamand, Bart De Wever voulait démontrer sa version du " goed bestuur ", cette bonne gestion à opposer à l’incurie du fédéral. Une manière également d’évacuer la profonde frustration ressentie après s’être fait " sortir " des négociations fédérales, à la suite d’une manœuvre des partis libéraux.
La Flandre de Jambon devait donner une leçon d’efficacité à la Belgique de De Croo et consorts.
La Flandre éternelle vs la Flandre moderne
Région parmi les plus riches, à la densité de population et d’entreprises parmi les plus importantes du continent, la Flandre reste marquée par son histoire paysanne. Le poids de son secteur agricole demeure, le déferlement des tracteurs sur Bruxelles, vient de le prouver.
Mais cette agriculture, pourtant réduite, devient un symbole politique. Le Borenbond pèse sur le cours politique des gouvernements, d’autant que le CD&V en a fait un instrument de sa survie politique.
Cela fait pourtant 30 ans que la Flandre sait qu’elle doit réduire ses émissions d’azote. Elle a sans doute plus épargné ses industries polluantes que ses éleveurs. Cette confrontation débouche sur une crise politique jamais vue au nord du pays. La N-VA se retrouve coincée, le Vlaams Belang souffle sur les braises de la colère agricole. L’extrême-droite était très visible dans le cortège de tracteurs vers Bruxelles.
Si le gouvernement fédéral patine (nucléaire, fiscalité, pensions, asile, etc.), l’exécutif flamand cale. Panne complète en rase campagne. Les réunions de la dernière chance s’enchaînent. Le blocage total menace.
Le mal politique, lui, est fait.