Compositrice, pédagogue, Florence Price se bat pour faire jouer sa musique par de grands orchestres. Et elle y arrivera. Elle est la première femme afro-américaine à avoir une symphonie jouée par un orchestre réputé : l’Orchestre Symphonique de Chicago en 1933.
Florence Price naît en 1887 à Little Rock dans l’Arkansas américain. C’est avec sa mère, professeur de piano, qu’elle démarre son long voyage musical. Elle n’a pas plus de 12 ans lorsqu’elle publie ses premières compositions. Elle continue sa formation dès ses 13 ans au Conservatoire de la Nouvelle-Angleterre à Boston en 1903, où la compositrice Amy Beach avait également suivi sa formation. Elle étudiera le contrepoint et la composition avec George Whitefield Chadwick, véritable pionnier d’une esthétique musicale américaine propre.
Diplômée d’orgue mais aussi de piano, elle devient professeur à North Little Rock en 1906 puis à l’Université Clark d’Atlanta de 1910 à 1912, année où elle épouse Thomas J. Price avec qui elle aura trois enfants et dont elle gardera le nom de famille malgré un divorce une vingtaine d’années plus tard. En raison de ses origines, elle se voit refuser l’accès à l’Arkansas Music Teachers Association. La famille s’installe à Chicago en 1926, espérant s’épanouir dans un meilleur climat.
Là-bas, Florence participe à des concours de composition tout en se perfectionnant, reprenant même les études au conservatoire. Elle remporte un prix en 1928 pour une pièce de piano : At the Cotton Gin. En 1932, elle remporte le prix de la fondation Wanamaker avec sa première Symphonie, en mi mineur. Cette exposition médiatique lui fait capter l’attention de Frederick Stock, alors chef d’orchestre de l’Orchestre Symphonique de Chicago. La Symphonie sera créée en 1933 dans le cadre de la Chicago World’s Fair: Century of Progress, une exposition universelle au cœur de la ville américaine. Elle devient la première femme noire américaine à être jouée par un orchestre prestigieux dans le pays.
Florence, à côté de sa carrière de professeur, joue du clavier pour accompagner les films muets ou encore, écrit des musiques pour accompagner des publicités à la radio.
Parmi les épisodes marquants de sa vie, peut-être sa rencontre avec la chanteuse contralto Marian Andersons pour qui elle dédie certains de ses arrangements de chants traditionnels. En 1939, Marian Anderson chante devant le Lincoln Memorial dans le cadre d’un concert organisé par Eleanor Roosevelt, alors Première dame des Etats-Unis. Si elle chante seulement devant le mémorial, c’est parce que l’accès à la salle lui a été refusé par une organisation militante. Mais la foule se presse pour entendre la chanteuse et le succès est immédiat, mettant aussi en lumière le travail de Florence Price à travers son arrangement de My Soul is Anchored in the Lord.