Les archives tout le monde s’en fout et pourtant c’est un vrai enjeu démocratique. Julie Morelle en parle avec Florian Delabie, administrateur de l’Association des Archivistes Francophones de Belgique (AAFB).
Selon Florian Delabie, la situation de la gestion des archives est problématique, et ce principalement dans le secteur public. Une des raisons est la déconsidération de la question des archives. Même si ces documents sont souvent associés à la poussière et aux vieux papiers, leurs enjeux actuels sont pourtant bien réels. L’ensemble des documents qui devra être archivé demain est numérique. Le secteur archivistique faisant face à un sous-investissement tant humain que technologique, faire face à ces nouvelles problématiques s’avère complexe.
Florian Delabie explique aussi la négligence faite autour de la question de la conservation des archives numériques. "On a eu pendant très longtemps l’impression que le numérique ne coûtait rien. On a eu des programmes de numérisation à la volée sans vraiment réfléchir aux questions de préservation à long terme. Sauf qu’on sait très bien qu’un document qu’on va archiver sous un format aujourd’hui ne sera pratiquement plus lisible dans 5 ans." Il questionne aussi l’avenir des Clouds et de leur accessibilité future.
De plus, il n’y a aujourd’hui pas de cadre légal qui oblige les ministres et leurs collaborateurs à verser leurs archives dans une institution patrimoniale. Cette absence d’obligation pourrait bien à l’avenir poser des soucis aux futurs historiens ne pouvant tout simplement pas étudier certains pans de notre histoire.
L’enjeu démocratique est important. Des exemples d’états, dictatoriaux ou non, supprimant ou cachant certaines archives, existent bel et bien. Donald Trump a emporté, avant son départ de la Maison-Blanche, au moins 700 pages de documents secrets, dont certaines classées au plus haut niveau de confidentialité.
Florent Delabie aborde aussi le cas du nord du pays. La Flandre continue de mettre sa législation archivistique à jour et entreprend un grand projet de collecte des archives des administrations publiques flamandes. La situation dans le restant du pays est quant à elle immobile. Il craint pour la préservation du patrimoine documentaire qu’en cas de réforme institutionnelle s’accompagnant d’une division des archives, seul la Flandre soit capable de gérer la situation.
En écrivant l’histoire on crée son identité. Si on détient les sources on va pouvoir écrire l’histoire.