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Fly Anakin : Vol en première classe

Fly Anakin publie son premier album solo.

© @Fly Anakin

Paré au décollage, Fly Anakin met le rap indépendant sur la bonne piste. Performance de haut vol, son premier album sort les longues feuilles et fume l’héritage de Gang Starr, mais aussi les réserves personnelles de Mobb Deep, Mos Def et Talib Kweli. Chapardeur hors-pair, le rappeur de Richmond confirme sa position d’outsider : un futur champion du monde ?

Voilà deux ans que Fly Anakin se fait les dents sur les plans les plus croustillants du rap indépendant. Repéré en compagnie de l’excellent Pink Siifu sur deux disques touffus et bien chargés ("FlySiifu's" en 2020 et "$mokebreak", l’an dernier), le natif de Richmond prend désormais son envol en solo. Avec "Frank", le rappeur américain confirme l’étendue de sa technique, son sens du rythme et sa connaissance encyclopédique du hip-hop. Sous son flow de camé(léon), malléable à l’envi, les références du passé (Mobb Deep, Madlib, Ghostface Killah, Gang Starr) se heurtent à une implacable modernité. Boom bap revu et corrigé avec un calumet allumé, le rap de Fly Anakin se faufile dans l’arène en toute modestie. Loin du tour de cou de (Kan)Ye, les ambitions du rookie se défilent volontiers au profit d’un énorme potentiel de séduction.

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Frank, un géant sous l’océan

Connu à l’état civil sous le nom de Frank Walton, Fly Anakin grave son prénom sur la pochette d’un premier album éminemment personnel. Atypique, élastique, son flow macromoléculaire semble en mesure d’imposer sa cadence sur n’importe quel beat. Produit par le légendaire Madlib, le morceau "No Dough" souligne d’ailleurs la souplesse de Fly Anakin. Capable de courber sa voix autour des notes, d’escalader des sonorités soul-jazz avec l’aisance d’un vieux briscard, Fly Anakin tient assurément la corde pour rejoindre le cercle des meilleurs espoirs du rap U.S. Plus doué que MIKE, moins drogué que Westside Gunn, l’artiste gravite dans une galaxie proche de Mach-Hommy ou Earl Sweatshirt. Pour imposer son style, Fly Anakin possède toutefois un sérieux avantage sur la concurrence : il connaît ses classiques sur le bout de doigts. Le verbe lâché dans un océan d’influences, le rappeur se déplace tel un poisson dans l’eau. À l’aise avec les références au Wu-Tang, peinard avec les clins d’œil à Black Star.

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Si jeune Siifu

Le premier album de Fly Anakin est aussi l’antre de quelques belles collaborations. Incisif, conquérant, le "Ghost" servi en compagnie de Nickelus F, par exemple, tape juste comme il faut. Ailleurs, l’inséparable Pink Siifu surgit pour alimenter un solide "Black Be The Source". Au-delà des featurings, "Frank" enferme également des performances solitaires d’une redoutable efficacité. L’énorme hommage au regretté "Sean Price" (membre du collectif Boot Camp Clik) où le captivant "Underdog theme" sont autant de raisons d’aimer ce disque qui, assez inexplicablement, vient affaiblir sa force de frappe avec quelques intermèdes (sketch), pas franchement nécessaires. Mis-à-part cette petite erreur de jeunesse, cela n’enlève rien à la l’excellente tenue du premier album de Fly Anakin. Un nom qui semble bien parti pour faire le tour des meilleurs festivals du monde. Sans escale.

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