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Football amateur : l’URLC (Nat 1) veut rester un acteur qui compte dans le foot francophone

Les supporters de La Louvière centre

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Par Philippe Bughin

Avec une coloration française au sein de sa direction depuis 2019, La Louvière Centre n’a, a priori pas le même pouvoir de séduction que les voisins de la Raal sur leurs terres. En coulisses, le club dit pourtant préparer plus que jamais demain.

Dans l’ombre de la très médiatique et entreprenante RAAL La Louvière, née du rachat par l’homme d’affaires Salvatore Curaba du matricule 94 lié à l’époque au Racing Charleroi Couillet Fleurus au cours des premiers mois de l’année 2017, l’Union Royale La Louvière Centre aime aussi montrer qu’elle figure sur la carte des clubs francophones de foot de séries nationales.
Aujourd’hui, l’URLC est aux portes d’une troisième saison consécutive en Nationale 1 quand les Loups voisins ambitionnent de sortir au plus vite de la D2 ACFF.
La Louvière, entité d’un peu moins de 90.000 âmes avec deux équipes de foot proches du niveau pro dans douze mois, cela ne manquerait pas de piquant !
Au cours de la prochaine campagne, l’ancienne Union du Centre, qui dispute ses matches au stade Raymond Dienne (équipe B, les jeunes et les filles) et au Tivoli (équipe A) fêtera déjà son centenaire, n’étant plus loin d’un bail de soixante saisons dans les séries nationales.
Depuis le 25 octobre 2019, l’URLC bat un peu beaucoup "pavillon français". Le club est en effet devenu la propriété d’un pool d’investisseurs de l’Hexagone, actifs notamment dans le milieu pharmaceutique, de l’automobile et du textile.
Avec son associé Adrien Fuchs, lequel conseille financièrement des footballeurs de haut niveau, le Parisien d’origine sénégalaise Ousmane Sow, 47 ans représente l’invest dans la région du Centre.

Recruteur pour Lorient et le Red Star, chanteur de rap et assureur…

Le président parisien de l’URLC, Ousmane Sow (à gauche) attend beaucoup
de son nouveau box to box, Toumani Sissoko, arrivé de Besançon ces dernières semaines
Le président parisien de l’URLC, Ousmane Sow (à gauche) attend beaucoup de son nouveau box to box, Toumani Sissoko, arrivé de Besançon ces dernières semaines © Photo libre de droit

Notre homme d’affaires a développé ses connaissances footballistiques en étant recruteur de 2004 à 2012 pour le Football Club de Lorient Bretagne Sud, un moment en Ligue 2, avant de rejoindre l’élite du foot français. Breveté d’Etat dans le coaching, Ousmane a aussi les diplômes pour diriger du petit banc des clubs de la nationale ou régionale française. C’est aussi à ses heures un chanteur-compositeur friand de rap. Il dit souvent avoir beaucoup appris au contact de Christian Gourcuff, entraîneur de renom présent à Lorient à son époque.

Avec la même casquette de recruteur-superviseur, notre Parisien s’est aussi occupé du Red Star, avant de rejoindre le groupe Henner, et sa division assurances spécialisée dans les carrières sportives.
" Je suis toujours consultant pour l’assureur défendant les intérêts d’un petit millier de joueurs à travers toute l’Europe, raconte le successeur de Momo Dahmane comme président à la tête de la Louvière Centre. Nous avons couvert Anderlecht et Genk, et quelqu’un comme Adrien Trebel par exemple. Mais depuis un an et demi, je me concentre surtout sur mon nouveau travail à l’URLC. A l’époque, nous avons eu vent d’un deal possible avec l’ancien président louviérois Huseyin Kazanci via le joueur franco-congolais, Christopher Luhaka, toujours dans le noyau aujourd’hui et Mohamed Dahmane, alors joueur et manager sportif du l’URLC.
Nous étions en même temps sur la piste du rachat de Tours, mais nous avons préféré la Belgique, où il y a moins d’acteurs que de suiveurs (sic). De son côté, en étant rétrogradé vers les séries nationales, Tours, présidé par le Corse Jean-Marc Ettori avait perdu son statut d’entité pro. Il a fallu quelques centaines de milliers d’euros pour racheter l’URLC. Mais in fine, nous nous sommes aperçus que le passif était plus important, et que, comme souvent lors d’un rachat d’un club de foot, des cadavres ont été retrouvés dans les placards. Je ne m’étendrai pas sur les divergences de vues rencontrées avec Momo Dahmane, qui était pourtant notre associé-président au départ de l’aventure. Il a choisi de partir au bout de notre première saison sur place.
Chaque partie possède sa vérité et a aussi ses torts. Qui ne commet pas d’erreurs ? S’épancher sur les réseaux sociaux était-il la bonne solution ?
Pour Adrien Fuchs et moi-même, Mohamed voulait avancer trop vite avec l’URLC. Une méthode qui était coûteuse aussi. La page est tournée, mais avec la crise sanitaire, il n’est pas aisé de remettre les compteurs à zéro. Avant de débuter 2021-2022, deux tiers du passif ont déjà été comblés. On restera très prudents dans la constitution du prochain noyau A. Le budget de la prochaine saison devrait tourner autour des 200 à 250.000 €, avec seulement cinq joueurs pros, ce qui est le minimum imposé par l’Union Belge à ce niveau. "

En matière de soutien financier, l’ancrage régional voire belge reste compliqué pour le voisin immédiat de la Raal.
Il a ainsi par exemple fallu passer par Renault Paris pour le sponsor véhicules du club ou par Adidas France pour les équipements des joueurs la saison dernière. " Nous cherchons toujours de nouvelles pistes financières car si la Ville nous aide dans les frais au Tivoli (eau, électricité, chauffage…), il n’en est rien pour le stade Raymond Dienne, de Haine St Pierre où, avec des activités au quotidien sur six ou sept terrains, l’enveloppe " dépenses de fonctionnement " reste élevée, ce qui est aussi un peu répercuté sur les cotisations des jeunes. C’est dommage d’en arriver là.
L’apport des Villes et communes est plus important en France. Même si nous investissons toujours dans l’encadrement et l’infrastructure pour maintenir un
haut niveau de formation, reconnu par le label trois étoiles, cela ne doit pas se faire sur le dos des gamins, surtout dans une région où le pouvoir d’achat reste limité. Notre école compte près de six cents membres et c’est là notre principale richesse. "

Le nouveau manager général coachait Saint-Maur, ville jumelée avec… la Louvière

Marc Antoine Fortuné (ici sous les couleurs du Celtic) était encore joueur la saison dernière.
A 40 ans, il débute une carrière d’entraîneur à l’URLC aux côtés du Montois David Bourlard.
Marc Antoine Fortuné (ici sous les couleurs du Celtic) était encore joueur la saison dernière. A 40 ans, il débute une carrière d’entraîneur à l’URLC aux côtés du Montois David Bourlard. © Libre de droit

Ousmane Sow assure que son groupe d’investisseurs et lui sont installés à la Louvière pour du long terme. L’objectif sportif reste de rejoindre dans le moyen terme le foot pro, avec un maximum de jeunes joueurs formés à Haine St Pierre. Ceux-ci pourront à tout moment être entourés d’éléments expérimentés, prêtés par des clubs étrangers grâce aux connexions de la direction sportive.
Pour ne rien laisser au hasard, l’organigramme du l’URLC a été revu et corrigé voici tout juste une semaine. Le Français Bernard Bouger, ancien attaquant pro de Lorient, Valenciennes, Sochaux ou Créteil et arrivé la saison dernière pour entraîner l’équipe fanion vient d’être nommé manager général de La Louvière Centre, en charge du développement au quotidien de club.
Pour l’anecdote, avant de débarquer en Belgique, ce quinquagénaire breton était encore l’entraîneur de l’US Lusitanos Saint Maur, en Nationale 2 française, une localité au sud-est de Paris, dans le Val de Marne, jumelée avec… La Louvière !
Dans la foulée de cette nomination, un binôme d’entraîneurs composé de David Bourlard, diplômé Uefa A, ex-T1 du Stade Brainois (D3 acff) et de l’attaquant Marc Antoine Fortuné, joueur à Lille, Nancy, Utrecht, le Celtic et West Bromwich a été installé et vient de reprendre le travail avec l’équipe A voici tout juste une semaine.
Au bout des trois séances hebdomadaires pendant trois semaines, un premier amical est prévu le 9 juin face à Ganshoren (D2 acff), suivi d’un autre face à Marcq-en-Barœul (France) trois jours plus tard.

Pour Marc Antoine Fortuné, qui était encore joueur à l’URLC en 2020 à près de 40 ans, ce sera donc un tout nouveau défi dans un tout nouveau costume. " Les deux tiers du recrutement pour le noyau principal est bouclé, enchaîne Ousmane Sow. Les jeunes Steeven Kimbu, qui sort des U21 nationaux et Laurent Van der Goten, qui a débuté sa post formation avec notre P3 font le grand saut. Ils doivent servir d’exemples pour les candidats maison vers le noyau A de demain. On compte aussi beaucoup sur le milieu de terrain Yan Hornois, formé à Valenciennes et Douai, et qui évoluait à Westhoek la saison dernière ou l’ancien gardien de Renaix et Tournai, Maxence Dannel. Youri Teklak, le fils d’Alex doit aussi nous montrer qu’il a la carrure pour la Nationale 1. Je pourrais avoir un mot enthousiaste pour toutes nos autres premières nouvelles recrues. Mais j’ai d’abord une pensée pour notre tout nouveau box to box, Toumani Sissoko, 27 ans formé dans le même petit club parisien qu’un certain Paul Pogba. Toumani arrive de Besançon. Il revient de très loin, avec une volonté qui force le respect. Il y a trois saisons, il a vaincu une forme de cancer de l’estomac ! "

" Notre réseau sportif vaut le réseau d’affaires de la RAAL "

Sauvée sur le tapis vert au bout de la saison 2019-2020, puis confrontée à la saison blanche après un début de compétition délicat en 2020-2021 – deux matches disputés en championnat et deux défaites -, l’entité de La Louvière-Centre pourrait-elle être tentée d’aller frapper à la porte de la Raal si la sauce ne prenait pas la saison à venir ?
" Le sujet n’est pas sur la table. Je suis un homme d’échanges, pas de conflits, insiste le président de l’URLC. Notre réseau sportif vaut bien le réseau d’affaires de nos voisins. J’espère juste que si nouveau stade il y avait un jour près du Tivoli à l’initiative de la RAAL, la Ville et son bourgmestre Jacques Gobert n’oublieront pas que, comme ils le souhaitaient, l’Union du Centre et donc l’URLC a maintenu l’activité foot à La Louvière centre (Tivoli) quand il n’y avait plus rien en 2009. La Raal est venue bien plus tard sur place, avec un matricule de l’extérieur. Montrons qu’avoir deux clubs dans une Ville, ce n’est pas un souci, mais une vraie force.
D’ailleurs, à quand un match de gala entre nos deux équipes A, avec une vraie initiative sociale en toile de fond ? On pourrait offrir la recette au personnel soignant des hôpitaux louviérois en signe de reconnaissance pour son dévouement sans limite tout au long de la crise sanitaire. "

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