C’est dans une semaine tout pile que les Diables rouges joueront leur premier match de la coupe du monde, contre le Canada. On ne peut toujours pas dire que la ferveur grimpe dans notre pays, preuve en est que le village des supporters, prévu à Vilvorde, a tout simplement été annulé par l’Union belge de Football en raison d’un nombre de tickets vendus bien trop faible.
La volonté de l’Union belge était " d’amener la coupe du monde jusqu’aux supporters ". Amener la coupe du monde de football en Belgique, d’autres s’y sont essayés, et ont aussi échoué. Et alors que notre pays a obtenu, avec les Pays-Bas, la co-organisation de la coupe du monde de hockey en 2026, il faut, se rendre à l’évidence. C’est l’échec de l’organisation d’une grande compétition chez nous
Pourquoi la Belgique n’a-t-elle pu accueillir une Coupe du monde ou un Euro ces dernières années ?
On se souvient de la candidature belgo-hollandaise à la coupe du monde 2018, finalement remportée par la Russie. À l’époque, Sepp Blatter, qui était président de la FIFA, expliquait que nos pays n’avaient aucune chance, car c’était justement une candidature à 2 pays. La FIFA a visiblement changé d’avis vu que la future coupe du monde de 2026 aura lieu non pas dans 2, mais 3 pays, avec le Canada, les Etats-Unis et le Mexique.
Mais même lorsque la Belgique se voit confiée des matchs d’une grande compétition, en l’occurrence 4 matchs de l’Euro 2020 qui s’est déroulé dans une dizaine de villes européennes, même dans cette configuration, on n’a pas été capable de le faire. Pourquoi cet échec ?
Le CRISP, le centre de recherche et d’informations sociopolitique, a eu la bonne idée de sortir un courrier hebdomadaire dont le titre dit déjà tout : " Le projet de Stade national et les avatars de la décision politique ". Ce document revient avec force détails sur les nombreuses discussions, pendant plusieurs décennies, qui ont émaillé la vie du stade roi Baudouin.
Une question d’infrastructure ?
Lorsqu’en 2017, l’UEFA retire à Bruxelles l’organisation de 4 matchs de l’Euro 2020, ce n’est pas pour un souci politique, ou de mobilité, ou d’accueil impossible des supporters. C’est parce qu’on n’a pas de stade aux normes. Et tout cela nous ramène au début de ce siècle.
On vient de sortie de l’Euro 2000, victoire de la France. C’était une très belle compétition, sur le terrain. Mais comme l’écrit le CRISP, très vite l’Union belge indique vouloir un autre stade, avec une ambition affichée : organiser la coupe du monde en 2018.
Pendant toute la décennie 2000-2010, on va donc discuter, essentiellement au niveau bruxellois. Faut-il rénover, le stade roi Baudoin et donc rester au Heysel ? Ou plutôt déménager. Il est question de plusieurs sites, dont Schaerbeek Formation, ou le Parking C, située à Grimbergen en Flandre.
L’échelon fédéral est impliqué. Yves Leterme, un grand fan de foot, rencontre Michel Plantini, président de l’UEFA, Sepp Blatter, le boss de la FIFA. Mais Charles Picqué, ministre-président bruxellois, pousse pour le Heysel. Alors que son ministre des Finances, le libéral Guy Vanhengel propose le parking C, sur le modèle de l’Arena d’Amsterdam.
Quelques années plus tard, c’est bien cette option qui sera retenue.
La commune de Grimbergen n’en veut pas, le Vlaams Belang aussi. Plusieurs études sont lancées, des francophones parlent de rattacher le parking C au territoire de la région bruxelloise. En 2009, la ville et la région s’entendent pour finalement implanter le stade là où il se trouve déjà. Sauf que la N-VA dénonce l’accord. En 2010, notre candidature est rejetée, au profit de la Russie.
Arrive le projet d''Euro 2020 et ses 10 villes. Bruxelles est évidemment candidate et il y a peu de doute sur le fait que nous serons choisis, à condition d’avoir ce maudit stade. En 2013, c’est décidé, une bonne fois pour toutes, on fera ce stade sur le parking C du Heysel, à Grimbergen.
Mieux encore, le 20 juin 2015, une conférence de presse est organisée et on a même une date d’inauguration : le 1er juillet 2019.
Mais le projet est resté une chimère pour une multitude de raisons, dont la présence d’un chemin vicinal, l’existence de parcelle de terrain appartenant à la Flandre, des études d’incidences pas concluantes, des avis négatifs de plusieurs administrations concernant plusieurs permis, la mauvaise volonté de Grimbergen, de la N-VA, du gouvernement flamand, entre autres. Et un soutien pas le plus franc de partis comme Ecolo ou Défi. On peut y ajouter le projet Neo, sur le plateau du Heysel, qui n’était pas vraiment compatible avec l’idée d’un nouveau stade, projet porté par le PS et la Ville de Bruxelles et qui est toujours dans les limbes aujourd’hui.
De très nombreux acteurs ont eu leur mot à dire, dans ce dossier, mais au final, pour rien.
Aujourd’hui, la rénovation du stade roi Baudoin est infinançable. Alors que le Premier ministre Alexander De Croo rêve d’organiser une coupe du monde de football féminine en 2027. Mais au moins, rêver, c’est gratuit.
Sommes-nous maudits ?
Il y a une dizaine de jours, la Belgique et les Pays-Bas ont été désignés hôtes des coupes du monde 2026 de hockey masculines et féminines. Mais là, aussi, on s’inquiète en raison des infrastructures. Le stade belge qui doit accueillir les matchs, situés à Wavre, rencontre de vraies difficultés.
Rappelons que les Red Lions sont champions du monde en titre, depuis 2018. Et qu’il y a donc un stade, à Wavre, qui doit accueillir la compétition. Il aurait dû être inauguré l’an dernier, mais les travaux ont dû être stoppés à cause des inondations. Ensuite, l’augmentation du budget en raison de la hausse du prix des matières premières a empêché les reprises des travaux.
On partait sur un peu moins de 6,5 millions et demi de budget et selon les sources, il est question de 2 à 4 millions de plus à remettre au pot. Sauf que personne, pour le moment, n’est capable de relancer la machine, que ce soit la région, la ville de Wavre, ou d’autres acteurs. Et comme pour le foot, certains, au niveau local wavrien, évoquent un déménagement du tournoi à Limal.