Anderlecht

Footgate : Les play-offs 2014 truqués ? "Des montres pour influencer des matches"

Documentaire "Le milieu du terrain" : Les play-offs 2014 ont-ils été truqués ?

© Belga

Par Antoine Hick

C’est une véritable onde de choc que risque de soulever le documentaire "Le milieu du terrain" diffusé ce mercredi soir sur La Une.

Dans ce film, qui plonge le téléspectateur dans les coulisses du Footgate, plusieurs acteurs remettent en cause les play-offs 2013-2014 remportés par Anderlecht au terme d’un sprint final haletant. Plusieurs questions se posent : certains matches auraient-ils pu être truqués ? Et surtout, quel rôle Mogi Bayat a-t-il joué là-dedans ? Explications.

Pour remettre le contexte, replongeons nous dans cette fameuse saison 2013-2014. Coaché par l’Israélien Guy Luzon et emmené par un détonnant tandem Batshuayi-Ezekiel, le Standard virevolte en saison régulière et termine la phase classique à la 1e place. Les Rouches comptent 4 points d’avance sur Bruges (2e) et 10 (!) sur Anderlecht (3e).

"Le bourgmestre de Liège est venu me voir en me demandant comment on allait préparer la fête pour fêter notre titre" explique, dans le documentaire, Roland Duchâtelet, le président du Standard de l’époque. "Personne ne doutait qu’on allait être champion en juin 2014. Mais soudainement, on a eu beaucoup de problèmes dans nos rencontres, notamment quelques problèmes d’arbitrage."

Quel rôle a joué Genk dans cette course au titre ?

Face à la pression inhérente à la division par deux des points, le Standard sent en effet le souffle de ses poursuivants dans son dos et se met à balbutier son football. Revigoré, Anderlecht, lui, se remet à croire au titre.

Tournant de la saison, la confrontation entre le Sporting et Genk au Parc Astrid. En cas de victoire, les Mauves pourraient se rapprocher d’un titre inespéré quelques semaines plus tôt. Et face à des Limbourgeois inexplicablement apathiques, Anderlecht déroule et s’impose largement 4-0 au terme d’une rencontre à sens unique.

"L’alignement des joueurs de Genk était complètement anormal. Leur façon de jouer aussi. L’entraîneur de Genk à l’époque était fortement lié à Mogi Bayat…" renchérit Duchâtelet.

Le coach des Limbourgeois de l’époque ? Un certain Emilio Ferrera, souvent cité comme proche de la galaxie Bayat. Un Mogi Bayat, qui avait de nombreux contacts au sein des deux clubs. Aurait-il donc pu avoir une influence sur certaines prises de décision ? "C’est un problème. Quand un agent a beaucoup de joueurs dans une équipe comme dans l’autre et quand en plus des entraîneurs sont clients du même agent, où va-t-on ?" s’interroge Duchâtelet.

Un avis partagé par Martin Hissels, avocat : "Lorsque le rôle d’un agent s’arrête à la porte du stade, ça peut aller. Lorsque son rôle est de négocier le placement de son client, c’est son boulot, pas de soucis. Mais quand il passe les portes du stade, quand un agent a des bureaux dans certains clubs… lesquels ? Sauf erreur à Genk. Je sais qu’à Anderlecht, il avait aussi de véritables entrées. Lorsque cet agent est à nouveau omniprésent, peut-on éviter la question qui fâche qui est de savoir si cet agent n’a pas une influence notable sur ce club ?

Rappelons qu'accepter un cadeau d'un agent pour gagner ou perdre un match est un délit. Contacté par les auteurs du documentaire, Emilio Ferrera leur a fait savoir qu’il n’avait jamais entendu parler de tels faits et qu’il aurait refusé toute irrégularité. Il n’a pas souhaité participer au film.

Anderlecht - Genk : Les mauves déroulent face à des Limbourgeois apathiques

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Mogi Bayat et ses montres : avait-il le pouvoir de décider de l’issue de la saison ?

Confirmation dans la foulée. K.O debout quelques jours plus tôt, Genk revit subitement face à Bruges. Un Club de Bruges, dernier adversaire dans la ruée des Mauves vers le titre, et que les Limbourgeois vont tenir en échec à la surprise générale.

3-2, le score final annihile toutes les chances brugeoises d’encore croire au titre. Quelques jours plus tard, Anderlecht est sacré champion. Un titre, acquis au bout du suspense, qui pose question. Comment expliquer ce revirement de situation ? Comment expliquer qu’une équipe comme Genk, fantomatique face aux Mauves, se soit subitement sublimée contre Bruges… alors qu’elle ne jouait plus rien (elle était 6e) ?

Un retournement de situation qui laisse perplexe Michel Preud'homme, coach des Blauw&Zwart à l'époque, et qui avait réagi à chaud après la rencontre : "On a trouvé un Genk très motivé. Je vais demander la recette à Emilio Ferrera pour voir comment il arrive à motiver une équipe de cette manière et fêter les buts de cette manière sur le banc quand on est 6e du championnat. Mais c'est bien pour eux, ils ont bien fait leur travail."

Les questions fusent. Anonymement, un ancien joueur de Pro League lève le doute. Mogi Bayat semble à nouveau avoir joué un rôle crucial dans cette affaire : "Il y a plusieurs joueurs qui disent que Mogi Bayat offrait des montres. Après, je ne sais pas si c’était pour gagner ou perdre mais en tout cas c’était pour influencer des matches. C’est certain. Je ne sais pas si c’était spécialement Genk-Bruges, mais je sais qu’en 2014, Bayat proposait des montres. Si l’équipe faisait le résultat qu’il voulait, elle était récompensée."

Des dires confirmés par d’autres joueurs et qui posent évidemment question. Sur un plan pénal, rappelons tout de même qu'offrir des montres pour perdre un match est tout aussi répréhensible que d'offrir des montres pour gagner un match. Contacté dans le reportage, Emilio Ferrera a expliqué n’avoir jamais entendu parler de ces montres et qu’il aurait refusé toute irrégularité. Il n’a malgré tout pas voulu participer au documentaire.

Anonymement, un ancien dirigeant de Pro League a lui voulu témoigner. Il y explique que Mogi Bayat lui avait expliqué avoir le pouvoir de décider qui allait être relégué cette saison-là. Alors l’omnipotent agent avait-il aussi le pouvoir d’influencer la course au titre ? La question reste en suspens. Une chose est sûre. De nombreuses montres, dont les boîtes attendaient patiemment leur propriétaire au domicile de Mogi Bayat, n’ont jamais été retrouvées.

Roland Duchâtelet, lui, a déposé plainte. Selon lui, le manque à gagner du titre loupé par le Standard équivaut à 15 millions d’euros.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous