Moins de pression sociale
Pour continuer à contenir le virus, Karine Moykens évoque des améliorations dans le tracing, en demandant par exemple aux organisateurs de mariages de tenir une liste des invités de façon à pouvoir recontacter facilement tout le monde. Mais elle pointe un problème de fond : "Il n’y a plus de pression sociale. A une période, tout le monde connaissait les règles et s’assurait que les autres les respectaient". Le contrôle social n’est plus aussi intense.
"Cette érosion de la vigilance, on la voit même chez des gens qui s’informent via des canaux traditionnels", abonde Marius Gilbert. "C’est là notre talon d’Achille : la communication et l’usure. Tout ça dans un contexte où on ne voit plus des gens qui meurent dans des hôpitaux, et ça, ça joue énormément sur les précautions qu’on est prêt à prendre. Je suis convaincu qu’au final, les uns et les autres, on fonctionne quand même beaucoup par la peur. Quand on a la sensation qu’autour de soi il y a des gens potentiellement infectés et qu’il y a des gens qui meurent dans les hôpitaux, on fait plus gaffe".
Nul besoin d’ajouter de nouvelles règles, estime l’épidémiologiste : l’enjeu, c’est de faire respecter celles qui existent. "Mais si on n’y arrive pas dans les prochaines semaines, il faudra passer par des mesures plus contraignantes. Il y a un vrai risque dans les prochaines semaines de devoir revenir en arrière sur certaines mesures. Il faut que le public s’en rendre compte. Ça peut être un reconfinement localisé géographiquement, ça peut être des limitations dans les heures d’ouvertures, le nombre de personnes, etc".
Communiquer autrement
Pour continuer à sensibiliser, et éviter le retour de mesures plus contraignantes, les autorités réfléchissent donc à impliquer plus d’acteurs de terrain (par exemple via les agences qui travaillent sur l’intégration en Flandre, via les éducateurs de rue, des leaders d’opinion,…) de façon à toucher ceux qui passent à côté des canaux actuels d’information ainsi qu’à diversifier la communication, y compris sur les réseaux sociaux, notamment pour toucher les jeunes.
Pour le moment, pas d’autres précisions. Mais on peut se demander si la forme du message ne doit pas également évoluer. Car la lutte contre le coronavirus est particulière dans le sens où elle implique que chacun réussisse à modifier des comportements sociaux et intimes sur le long terme : faire la bise, être proche, se prendre dans les bras, partager ses joies et ses peines collectivement… Et cela alors que les conséquences négatives ne sont pas immédiatement perceptibles, et semblent encore plus lointaines si on n’est pas personnellement à haut risque.
Elle implique d’être inventif pour faire la fête ensemble, ce qui n’est pas impossible, comme on peut le voir dans ce reportage étonnant aux Pays-Bas où les boîtes de nuit expérimentent d’autres façons de danser (JT, 7 juin 2020) :