Dans ce bras de fer, les écologistes peuvent compter sur d’importants soutiens, comme celui de l’Unesco : l’organisation, qui réclame depuis deux ans le démantèlement des exploitations illégales, a mis en garde contre une régularisation dont l’impact serait "difficilement réversible".
Même inquiétude du côté de Bruxelles, qui a brandi début février la menace de sanctions financières contre l’Espagne, déjà épinglée voilà un an par la justice européenne pour n’avoir pas rempli ses obligations en matière de gestion de l’eau dans la région de Doñana.
Plus rare encore : une vingtaine de chaînes de supermarchés européens, dont Lidl, Aldi ou Sainsbury’s, gros acheteurs de fraises espagnoles, ont appelé le gouvernement andalou à renoncer à son projet, disant "partager la préoccupation" des militants écologistes.
Une mobilisation qui tracasse la filière. "Cette situation est susceptible d’occasionner un important problème de réputation" en amenant les consommateurs à croire "que toute la fraise cultivée" à Huelva "est illégale", déplore Manuel Delgado, porte-parole de l’association d’agriculteurs Puerta de Doñana.
Cette association, qui regroupe 300 exploitations, a décidé de se désolidariser des autres agriculteurs et de s’opposer à la régularisation des fermes illégales voulue par Vox et le PP, accusée de servir "les intérêts particuliers d’une minorité".
"Les ressources hydriques sont limitées", ajoute M. Delgado, qui craint que les exploitations légales ne soient contraintes de réduire drastiquement leur superficie faute de ressources suffisantes en eau. "Pour nous, cela serait la ruine", insiste-t-il.