Dans ce contexte tendu, Emmanuel Macron est descendu ce vendredi dans l’arène pour dénoncer l'"agression inacceptable" du producteur Michel Zecler et des "images qui nous font honte". Il a demandé de nouveau au gouvernement de lui faire rapidement des propositions "pour lutter plus efficacement contre toutes les discriminations".
Rétropédalage
Qu’adviendrait-il si les policiers ne pouvaient plus être filmés, interrogent les détracteurs de la loi "sécurité globale", qui redoutent la portée de son article 24, pénalisant ceux qui voudraient filmer les forces de l’ordre avec une intention malveillante.
Après avoir modifié le texte pour inclure des garanties sur le "droit d’informer", le gouvernement a passé la semaine à tenter de déminer ce dossier.
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En vain : malgré son adoption en première lecture par l’Assemblée nationale, la polémique était telle que Matignon s’est résolu à annoncer une nouvelle réécriture du texte par une "commission" indépendante. Avant de rétropédaler face à l’ire des parlementaires et de la majorité, à qui Jean Castex a dû assurer qu’ils auraient le dernier mot.
Sous pression, l’exécutif évaluera samedi jusqu’à quel point cette loi peut fédérer contre lui.
A Paris, tête de la contestation, deux manifestations ont été déclarées pour protester contre ce texte, qui prévoit aussi la possible utilisation de drones lors des manifestations.
Les mots du préfet aux forces de l’ordre
Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a demandé aux policiers sous son autorité de tenir "la ligne républicaine jusqu’au bout", dans une lettre adressée à chacun d’eux, avant de nouvelles manifestations samedi contre les violences policières.
"Dévier de la ligne républicaine qui nous sert de guide, cette ligne qui a éclairé les pas de nos anciens dans les ténèbres de l’histoire, c’est renier ce que nous sommes, c’est ébranler le pacte de confiance qui nous unit à nos concitoyens, c’est perdre le sens de notre mission", écrit le préfet dans ce courrier dont l’AFP a pris connaissance.
Soulignant "attendre de chacun (d’eux) qu’il tienne la ligne jusqu’au bout", il ajoute :"l’exigence que je place en vous, je me l’impose aussi".
Alors que le passage à tabac par des policiers d’un producteur de musique noir dans son studio parisien, a soulevé une vague d’indignation, le préfet dit pouvoir "compter sur la probité, le sens de l’honneur et l’éthique" des policiers.
Ce passage à tabac a été rendu public grâce à la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux.
"Dans les prochains jours, les prochaines semaines […] nul doute que vous serez confronté à la difficulté, aux doutes, voire à la colère ou à la peur". "Je sais pourtant que vous vous réaliserez, en hommes et femmes de caractère", conclut Alain Lallement.
"Une entrave à la liberté d'informer"
Dans une tribune, publiée cette après-midi par plusieurs rédactions de médias français, dont celle de franceinfo, plusieurs directeurs et directrices de l'information, présentateurs et présentatrices des magazines d'information se joignent aux manifestants en demandant que "les institutions renoncent à des conventions qui portent atteinte au droit de la presse."
Ils dénoncent "de nouvelles entraves à la liberté d’informer". Selon ces journalistes, "les tentatives de contrôle de nos tournages par les pouvoirs publics (police, justice, administration pénitentiaire, gendarmerie notamment) n’ont jamais été aussi pressantes."