France : Eric Zemmour annonce sa candidature à l’élection présidentielle 2022

Présidentielle / Eric Zemmour officialise sa candidature

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Par Jean-François Herbecq

#Zemmourcandidat: à 4 mois et demi de l’élection présidentielle en France, le polémiste d’extrême droite condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale officialise sa candidature à l'Elysée. Par un tweet à midi et une vidéo YouTube aux accents dramatiques et nostalgiques pour "sauver" la FrancePendant une dizaine de minutes sur fond d'images d'archives, Eric Zemmour penché sur ses notes dézingue ses cibles favorites : immigration, islamo-gauchisme, technocrates, politiques de droite comme de gauche… avant de se déclarer candidat, se présentant seul contre tous, et d’appeler à voter pour lui.

Charles de Gaulle au micro de la BBC à Londres

Une mise en scène aux accents dramatiques et nostalgiques inspirée du fameux appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle, même cadrage, même micro vaguement rétro, mêmes feuilles de papier, mais un tout autre discours tenu par ce défenseur du maréchal Pétain.

C’est le début de la vraie campagne, avec déjà dimanche un meeting au Zénith de Paris pour l’ancien chroniqueur de CNews et du Figaro. Eric Zemmour ambitionne de rassembler l’extrême droite où il sera en concurrence avec Marine Le Pen et la droite où les Républicains doivent encore se choisir leur candidat entre 5 prétendants, avec un débat télévisé entre eux prévu ce soir. Le grand écart, de la famille républicaine et gaulliste jusqu’à la droite identitaire la plus ultra…

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Pour Eric Zemmour, la route vers les urnes sera encore longue : sans le soutien d’un parti, il lui faudra constituer un réseau sur le terrain et récolter les 500 parrainages d’élus nécessaires à une candidature à la présidentielle. Son camp assure s’appuyer sur déjà 250 à 300 promesses de parrainages. Il lui faudra aussi récolter des dons pour sa campagne, alors qu’il a déjà perdu le soutien du financier Charles Gave, qui lui a prêté 300.000 euros.

L’élection présidentielle française doit se tenir en avril l’année prochaine.

Eric Zemmour
Eric Zemmour © YOUTUBE / AFP

Polémiques au programme

Chantre de "l’identité française", obsédé par l’islam et l’immigration, Eric Zemmour s’est fait connaître par les médias. Issu d’une famille juive algérienne modeste, l’ancien journaliste de 63 ans projette une image d’intellectuel pourfendeur du politiquement correct. Il a écrit plusieurs livres à succès avant d’accéder à la célébrité via la télévision au début des années 2010.

Zemmour à Marseille

Il termine une pré-campagne médiatique émaillée de polémiques ce week-end avec une visite chahutée à Marseille marquée par un échange de doigts d’honneur avec une passante.

Mais passer du statut de polémiste à celui de candidat à la présidence n’est pas aisé. Pour Marine Le Pen du Rassemblement nationale, la mue est ratée : "Quand on souhaite être président de la République, il faut être capable de garder son calme, de maîtriser son 'instinct'".

La candidate à l’investiture LR à la présidentielle Valérie Pécresse partage ce jugement : "Etre président ou présidente de la République, ça ne s’improvise pas, c’est un long chemin, il faut pouvoir endosser des responsabilités, il faut pouvoir en être digne et aujourd’hui je pense que la pré-candidature un peu précipitée d’Éric Zemmour est en train de tourner au fiasco" après ce "geste totalement indigne", estime la présidente de la région Ile-de-France.

"Etre président ou présidente, c’est une crédibilité. On confie au président de la République à la fois les codes du nucléaire, donc on ne peut pas les confier à quelqu’un d’impulsif. On lui confie ses économies, donc il faut qu’il soit aussi bon gestionnaire. On lui confie l’avenir de ses enfants, il faut qu’il soit visionnaire et avoir une vision c’est pas juste être monomaniaque sur un seul thème, l’immigration", a-t-elle ajouté.

"On ne s’improvise pas président de la République, il faut être digne, il faut être respectueux, il faut être à la hauteur", a critiqué sur CNews Michel Barnier, un autre candidat à l’investiture LR.

Fan de Donald Trump, son populisme lui est aussi reproché : pour le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, "M. Zemmour […] est l’incarnation du populisme en France, c’est un semeur de haine, un semeur de fragmentation de la société française, un semeur de division, un matador du déclinisme".

Pass sanitaire et "grand remplacement"

Les partisans de Zemmour se targuent d’avoir déjà pesé sur les thématiques de la campagne, particulièrement sur la lutte contre l’immigration, le sujet numéro 1 du polémiste, associé à ses critiques sur l’islam, une "civilisation" qu’il juge "incompatible avec les principes de la France".

Ses prémices de programme promettent un référendum sur l’immigration, la suppression du droit du sol ou du regroupement familial et l’interdiction de porter un premier prénom d’origine étrangère, une proposition qui a suscité la polémique en France.

Eric Zemmour est un adepte de la théorie complotiste du "grand remplacement" de la population européenne par des immigrés maghrébins et africains.

Ses idées se retrouvent dans son livre "La France n’a pas dit son dernier mot", qui se fait un peu l’écho du "Make America Great Again" de Trump. Il adopte aussi ses provocations, comme lorsqu’il fait mine de viser des journalistes avec un fusil lors d’un salon de l’armement et sa stratégie de communication sur les réseaux sociaux.

Il ne le cache pas, rappelant que Trump "a réussi à coaliser les classes populaires et la bourgeoisie patriote. C’est ce dont je rêve… depuis 20 ans": "Renverser la table", "les élites".

Le polémiste s’est aussi fait remarquer par ses déclarations anti-mesures Covid, estime que les mesures prises pour enrayer l’épidémie de coronavirus vont "trop loin" et ce depuis le début de la crise sanitaire. "Il faut remettre cette épidémie à sa juste mesure. On a beaucoup joué avec la peur des gens. On en fait trop depuis le début. Tout le monde en fait trop", a-t-il déclaré la semaine dernière sur FranceInfo.

"Si j’étais président la dose de rappel c’est uniquement pour les gens de plus de 65 ans", a-t-il dit, précisant que s’il était président, il supprimerait le pass sanitaire.

Sondages en berne

Après un démarrage sur les chapeaux de roues dans certains sondages qui le voyaient déjà affronter Emmanuel Macron au second tour, Eric Zemmour se tasse autour de 14 à 15% d’intentions de vote au premier tour, derrière le président sortant (25%) et Marine Le Pen (entre 19 et 20%).

Autre handicap pour Eric Zemmour, au-delà de ses idées identitaires, c’est l’absence pour l’heure d’un vrai programme économique et social.

Outre ses deux condamnations pour provocation à la haine raciale, le polémiste est accusé d’agressions sexuelles selon plusieurs témoignages de femmes recueillis par Mediapart. Mais aucune plainte n’a été annoncée contre lui.

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