Le procès d’Alexandre Benalla s’est ouvert ce lundi 13 septembre à Paris. Prévues pour durer jusqu’au 1er octobre, les deux semaines d’audiences vont rappeler ce feuilleton qui a ressemblé à une affaire d’Etat en 2018. Un "signe négatif" pour l’exécutif en vue de 2022 à l’heure de la campagne présidentielle, bien qu’Emmanuel Macron n’a pas encore déclaré sa candidature.
Un revenant. Alexandre Benalla, tout juste 30 ans, désormais entrepreneur, s’avance sans prononcer mot au tribunal de Paris ce lundi 13 septembre à la mi journée. Il se rend dans la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris, pour répondre des accusations de “violence en réunion” et de “port d’arme” non autorisé. Le calendrier du procès a été dévoilé ce lundi après-midi, et avec lui les nombreuses ramifications - et épisodes - de l’affaire.
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"Ce procès est un signe négatif qui ramène l’exécutif à l’été 2018", estime auprès de la RTBF le politologue Olivier Rouquan, chercheur associé au Cersa à Paris II Panthéon-Assas. Un été noir où le gouvernement et Emmanuel Macron avaient tardé à s’expliquer sur le laxisme dont a pu bénéficier Alexandre Benalla après les soupçons de violences commises le 1er mai 2018. Pour les français, le moment Alexandre Benalla “a été celui d’une prise de conscience des difficultés du pouvoir, où la promesse d’exemplarité n’a pas été au rendez-vous dans ce cas-là”, explique Olivier Rouquan.
La mise à mal de l'exemplarité d'Emmanuel Macron
Au cours de l’audience, la question du rôle exact d’Alexandre Benalla à l’Elysée, officiellement chargé de mission, sera questionnée. Le trentenaire devra bien sûr s’expliquer sur ces violences commises contre des manifestants le 1er mai 2018 alors qu’il était en observation avec la police, ou encore sur la détention d’un passeport diplomatique et d’armes. Il devra être présent, tout comme ses co-accusés, tout le long du procès.
L’opinion a été très sensible aux suites de l’affaire Benalla, rappelle Olivier Rouquan : "Ces affaires Benalla font passer le message que sur la partie ‘informelle’ de la politique, il n’y a pas eu de rupture nette avec le passé. Cela a rendu difficile par la suite la revendication d’exemplarité d’Emmanuel Macron, qui avait été une valeur capitale face à François Fillon, en 2017." Et pour 2022 ? "Cette affaire prive Emmanuel Macron d’un avantage", prévient le politologue.
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De quoi diluer la rentrée politique de l’exécutif, alors que beaucoup de signaux sont au vert : ce dimanche 12 septembre, l’ex Premier ministre Edouard Philippe a donné son soutien "total" au potentiel candidat Emmanuel Macron, la reprise économique se profile, la sortie de la crise sanitaire avec la vaccination est à l’horizon.
Ce retour dans les radars d’Alexandre Benalla, et de la période qu’il a incarné malgré lui, "cela brouille le message d’Emmanuel Macron mais cela ne sera pas un élément déterminant dans la campagne à proprement parler", indique Olivier Rouquan, pour lui “les préoccupations sont ailleurs et les français veulent désormais se projeter”.