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France : le street-art s’expose à Paris, l’art urbain loin d’avoir dit son dernier mot

Le street-art s’expose à Paris, l’art urbain loin d’avoir dit son dernier mot

© William de Lesseux

Jusqu’au 25 mars, l’exposition " Capitale(s) " à l’Hôtel de Ville parisien retrace 60 ans d’art urbain dans un parcours inédit, riche des œuvres de 70 artistes de la scène parisienne, de toutes générations et modes d’expression confondus. Paris n’a rien d’une belle endormie : ce voyage dans le temps est aussi prometteur pour l’avenir du street-art dans la capitale française.

Ce n’est qu’un fragment de la vertigineuse production de street-art à Paris ces 60 dernières années. Dans chaque recoin de cette salle d’exposition de l’Hôtel de Ville, qui a des airs de cathédrale, se déploient des tags, des inscriptions, des toiles, des enseignes, ou encore des photographies selon quatre grandes périodes. Des précurseurs aux jeunes artistes (la relève bien représentée dans cette rétrospective), même les parisiens les plus familiers avec l’art urbain peuvent découvrir de nouvelles œuvres de rue, mais aussi des projets originaux réalisés pour l’exposition.

Magda Danysz, commissaire de l'exposition

" On a demandé aux artistes de réaliser des œuvres en fonction du contexte de cette salle ", explique Magda Danysz, conservatrice de l’exposition, et spécialiste du street-art depuis plus de 20 ans. Ainsi Invader, connu pour ses mosaïques multicolores représentant les tout premiers personnages de jeu vidéo, dans les années 1990, a-t-il créé une carte – " la carte ultime " plaisante la conservatrice – , pour recenser et identifier ses près de 1500 objets artistiques sur les façades de la capitale. Des visiteurs se prennent au jeu et cherchent sur la grande carte à retrouver le personnage, les quelques pixels de céramique les plus proches de chez eux.

Paris, musée à ciel ouvert

L’accrochage met en évidence le travail de certains pionniers du genre. Celui de Jacques Villeglé, ses affiches lacérées et placardées dans tout Paris dès les années 1960. " Ce sont des ready-made, qui parlent de ce qui a fait date, cette archéologie urbaine est très intéressante ", note Magda Danysz.

À quelques mètres, des silhouettes féminines se découpent et des slogans faits de jeu de mots, imprimés au pochoir. C’est l’œuvre de Miss. Tic, décédée elle aussi l’année dernière. " C’était une femme de caractère, c’était important qu’on lui rende hommage ".

Cartographier, documenter, et raconter : la genèse de certains artistes, des dizaines d’écrans viennent montrer ces inscriptions qui ont vite disparu, effacées par le temps ou les autorités.

Sur l’un des téléviseurs, Joey Starr et Kool Shen, figures de NTM, qui avant d’avoir été un groupe de rappeurs, s’est construit sur le graffiti. Un documentaire relate encore les débuts de l’artiste Bando, l’un des tout premiers de sa génération.

Street-art et musée : incompatible ?

Faire rentrer l’art de la rue dans un musée, n’y-a-t-il pas un paradoxe ? " Il est aussi extrêmement important que les choses s’institutionnalisent, sinon cela va rester une légende orale. L’exposition répond à ce défi de la conservation, et a mis un point d’honneur à ce qu’il y ait des archives, et même des vieilles bombes [aérosol, ndlr] exposées, cela fait aussi partie du patrimoine", souligne Magda Danysz, pour qui le mouvement est l’un des plus " sous-représenté " dans les achats des musées nationaux.

La dernière partie de l’exposition, qui semble en être le cœur, montre le travail de la relève et des nouvelles générations, comme les visages colorés de Kahink, la calligraphie d’El Seed ou les pieuvres de Kraken. " Ce mouvement ne s’est jamais interrompu. Malgré les autorités, chaque artiste a su s’adapter avec un principe de base dans le street-art : ne pas copier son prédécesseur ", prévient Magda Danysz.

À voir jusqu’au 25 mars 2023 à l’Hôtel de Ville de Paris. Entrée gratuite sur réservation.

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