France : quand le tourisme de masse étouffe l'environnement

France: quand le tourisme de masse étouffe l'environnement

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Par Arnaud Pilet

Les plus beaux sites naturels de France retiennent leur souffle. Dans le parc du Verdon, les premiers chiffres annoncent un afflux touristique domestique et étranger gigantesque. Ecrasé sous ses 5 millions de visiteurs chaque année, c’est tout l’environnement qui trinque.

"C’est encore la basse saison mais on remarque déjà les signes de dégradations qui annoncent un été compliqué": Stéfano Blanc, écogarde pour le parc régional naturel du Verdon, craint le pire pour cet été. Les indicateurs touristiques annoncent des jours rayonnants pour l’économie mais menacent déjà les indices environnementaux du parc : "L’an dernier tout a été pris d’assaut avec le Covid-19. Les gens sont restés en France l’an dernier les sites naturels ont souffert. La pollution, les déchets, les feux, les incivilités, les locations étaient prises d’assaut. Enormément de problèmes".

Alors Stéfano prend son bâton de pèlerin et va à la rencontre des touristes : le camping sauvage est interdit, les véhicules ne peuvent pas stationner à moins de 200 mètres du bord de l’eau et les feux restent strictement prohibés à l’extérieur, autant de principes élémentaires qui échappent à de nombreux visiteurs : "Ce n’est pas toujours évident de connaître tout et de trouver l’information sur internet, explique un visiteur d’un jour, garé juste à côté de la rive du lac de Sainte-Croix et son eau émeraude, l’une des plus grosses réserves d’eau potable de la région. C’est donc utile d’avoir un garde qui nous explique sans nous coller systématiquement une amende !".

Dégâts sur l’écosystème

Sauf qu’irrémédiablement attirés par la beauté des lieux, les touristes négligent souvent les conséquences de leurs (in) actions. Ici, les pédalos, paddles ou canoë filent en masse vers les gorges du Verdon pendant l’été et ne respectent pas toujours les barrières physiques pourtant utiles : "Ici, nous avons l’Apron du Rhône, un poisson endémique en voie de disparition présent dans les gorges. Il y a une ligne de bouées pour empêcher les gens de passer. Mais les touristes passent systématiquement et viennent écraser le poisson dans les gravières car pour se protéger, sous la menace, il se plaque sans bouger sur les galets", déplore Stéfano Blanc.

Depuis plusieurs années, le parc tente de promouvoir une autre approche et met l’accent sur les ailes de saison, soit les semaines juste avant et juste après la haute saison. Mais aussi de privilégier le vélo comme alternative de visite de la région sur un mode itinérant : "C’est un moyen de découvrir les gorges autrement. D’aller aussi dans des endroits inaccessibles en voiture et donc d’échapper à la foule, défend Male Le Meil, animateur pour "Le Verdon à vélo". C’est plus respectueux, décarboné et un moyen de protéger le parc qui est, certes, un haut lieu touristique mais aussi un environnement sensible".

Pour l’instant, le parc naturel régional du Verdon privilégie la promotion et les incitants pour désengorger ses gorges. D’autres parcs comme celui des Calanques, à un jet de pierre de Marseille ou les gorges du Toulourenc, au pied du Mont-Ventoux choisissent d’autres méthodes comme le "démarketing", qui dénigre l’expérience touristique du lieu, ou même la limitation du nombre de visiteurs chaque jour. Il y va de la survie environnementale des lieux les plus emblématiques de France, victimes de leur irrésistible beauté.

Reportage dans le Verdon (JT de 19h30 du 10 juin)

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