Belgique

François De Smet (Défi) à Jeudi en Prime : pensions complémentaires à la Chambre, réforme fiscale, asile au menu

François De Smet, le président de Défi, était l’invité de l’émission Jeudi en prime. Il est revenu sur le dossier des pensions complémentaires illégales perçues par deux anciens présidents de la Chambre. D’autres sujets d’actualité ont été abordés, notamment le projet de réforme fiscale défendu par le ministre des Finances et le dossier des demandeurs d’asile.

Affaire des pensions complémentaires à la Chambre : "C’est choquant"

C’est le dossier d’actualité du jour et il a agité la Chambre ce jeudi. Deux anciens présidents de la Chambre, Herman de Croo (Open Vld) et Siegfried Bracke (N-VA) ont indûment perçu des pensions complémentaires, 6000 euros brut/mois pour l’un, 3000 pour l’autre. "C’est choquant, tant de la part des bénéficiaires que de ceux qui ont créé ce régime", estime François De Smet, le président de Défi. Ce dernier trouve "incroyable que pendant 25 ans, personne n’a rien vu et ne s’est dit qu’il y a un problème".

Pour le président de Défi, une enquête interne diligentée par la Chambre ne suffira pas. "La Cour des comptes serait un organe tout à fait fondé à recevoir ce dossier et voir si tout est conforme", estime François De Smet.

Les intéressés, Herman De Croo et Siegfried Bracke, devraient-ils rembourser les montants perçus ? "Oui, ils s’honoreraient à rembourser cet argent. Si c’est de l’argent indûment perçu, ce serait la moindre des choses", pense François De Smet.

Le projet de réforme fiscale : "une bonne base", mais "on ne s’attaque pas suffisamment aux niches fiscales"

Autre sujet d’actualité, la réforme fiscale dont les grandes lignes ont été présentées ce jeudi par le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (Cd&V). Cette réforme permettrait notamment, selon le ministre, de rapporter 835 euros net aux contribuables grâce à une augmentation de la quotité exemptée d’impôts. "C’est une bonne base", répond François De Smet.

Au passage, le président de Défi rappelle les problèmes qu’il identifie dans le système fiscal actuel : une grande complexité, de nombreuses niches fiscales "qui rendent le système opaque si vous n’avez pas un bon fiscaliste", et une lutte contre la fraude fiscale "qui laisse à désirer". "Tout le monde sait ce qu’il faut faire et personne n’a le courage de le faire. J’espère que la Vivaldi va pouvoir le faire", réagit François De Smet.

Le président de Défi salue l’idée de relever la quotité exemptée d’impôts et "le fait de diminuer drastiquement les charges sur le travail". En revanche, la Vivaldi "ne s’attaque pas suffisamment aux niches fiscales", notamment les "voitures salaires" (véhicule de société, ndlr) qui, "en moins-values, coûtent plusieurs milliards d’euros à l’Etat". "Au lieu d’avoir des embouteillages bleu diesel, on aura bientôt des embouteillages vert électriques, mais on aura toujours des embouteillages", regrette François De Smet qui, au passage, plaide pour une disparition de toutes les niches fiscales, à quelques exceptions près, comme les droits d’auteur, par exemple. Les niches fiscales, ce sont, selon le président de Défi "des dominos" accumulés au fil des années, pour faire plaisir un peu à tout le monde parce qu’on n’arrive pas à baisser l’impôt globalement". "Si on veut baisser l’impôt globalement, il faut enlever les niches fiscales", estime le président de Défi.

François De Smet réclame aussi une meilleure lutte contre la fraude financière et le crime organisé "qui nous rapporterait beaucoup d’argent".

Le président de Défi semble favorable au projet de réforme de la TVA présentée par le ministre des Finances. "Ce que je trouve intéressant, c’est qu’il y a un taux unifié, on passerait à du 9% qui remplacerait le 6% et le 21%", explique François De Smet. "On ne toucherait plus à la TVA à 6% sur l’énergie et il y a une ouverture d’une TVA à 0% pour les fruits et légumes", souligne le président de Défi.

Quant à l’augmentation, le doublement, de la taxe sur les comptes titres, "si j’avais un million d’euros sur un compte titre, ce que je n’ai pas, je serais ravi de contribuer", "si on veut être libéral social, cela ne me choque pas", réagit François De Smet, qui s’étonne que le MR s’oppose à cette augmentation.

La crise de l’asile : "une honte"

A l’heure actuelle, 200 demandeurs d’asile campent toujours le long du canal à Bruxelles, près du Petit-Château. Le gouvernement fédéral ne parvient pas à trouver la sortie de cette crise de l’asile. "C’est une honte, nous ne remplissons pas nos obligations internationales en termes d’octroi d’un logement aux demandeurs d’asile", réagit François De Smet. Pour lui, "l’Etat fédéral se défausse de toutes ses responsabilités", seules les communes "tiennent le choc". Pour François De Smet, la secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, Nicole De Moor, "n’est pas la seule en cause". "Elle fait beaucoup mais, clairement, elle n’est pas aidée par ses collègues du gouvernement", estime François De Smet.

Pour le président de Défi, "on peut créer des places dans les casernes". "On peut aussi libérer des places par ceux qu’on appelle les inéloignables", c’est-à-dire des personnes qui n’ont pas le statut de demandeur d’asile mais qui sont inexpulsables.

Pourquoi le gouvernement ne parvient-il pas à se mettre d’accord pour trouver des solutions ? "Ce qui ne va pas, c’est la peur", répond François De Smet. "La peur dont, singulièrement au nord du pays, on est saisi dès qu’on parle d’immigration", ajoute-t-il. "C’est comme si tous les partis démocratiques flamands étaient tétanisés par leur extrême droite" poursuit le président de Défi. Ouvrir trop de places d’accueil, ce serait risquer d’avoir "le Vlaams Belang et la N-VA sur le dos". "Il y a la peur qui tétanise et qui encourage, malheureusement, je le crains, Madame De Moor et Monsieur De Croo à être aussi généreux qu’ils devraient l’être", estime le président de Défi. "Même le gouvernement de la Suédoise, qui était pourtant très à droite et très nationaliste avait réussi à trouver des solutions pour un afflux très important", rappelle François De Smet.

Il reste les astreintes auxquelles la Belgique a été condamnée et la pression internationale qui pourraient faire évoluer le dossier, espère François De Smet.

Défi continue de dire non à un rapprochement avec les Engagés et Jean-Luc Crucke

Récemment, Jean-Luc Crucke a quitté le MR pour rejoindre les Engagés, ex-cdH. Du côté de ce mouvement politique et de sa nouvelle recrue, on avait espéré constituer un vaste mouvement centriste auquel se serait joint le parti Défi de François De Smet. Cependant, du côté de Défi, on a décliné la proposition.

"J’ai de la sympathie pour Monsieur Crucke et Monsieur Prévot, mais ce qu’ils nous ont proposé, c’est de construire une maison sur du sable", réagit François De Smet. Ce dernier explique qu’il manquait "les fondements nécessaires". "Leur idée était de faire une alliance sur quelques sujets économiques et tous les dossiers un peu dérangeants, on les met sous le tapis en espérant que ni les électeurs ni les journalistes ne vont se poser la question", explique François De Smet.

Défi avait posé trois conditions aux Engagés et à Jean-Luc Crucke, mais n’a pas obtenu les réponses espérées. Il s’agissait de ne pas gouverner avec la N-VA, d’avoir des garanties en termes de laïcité politique et d’avoir du progressisme dans les dossiers éthiques. "Je rappelle qu’il y a toujours une loi pour dépénaliser l’IVG qui est toujours en rade au parlement parce que le CD&V, parti social-chrétien a refusé qu’elle soit votée".

Pour François De Smet, les Engagés, c’est "un cartel qui a besoin d’être sauvé" et chez Défi, "on n’a pas besoin d’être sauvés".

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