"Ce n’est pas en quelques jours ou quelques semaines que l’on pourra créer une infrastructure qui n’existe pas suffisamment, observe François Delhaye. L’Inde va devoir au fil du temps réinvestir massivement dans son propre système sanitaire. Il y a une limite à ce que la communauté internationale peut faire, d’autant que beaucoup de pays sont confrontés eux-mêmes à leurs propres besoins intérieurs. C’est la rapidité de la réaction qui compte, mais l’on ne pourra de toute façon pas faire face aux besoins de 1,4 milliard d’habitants."
La crise indienne, un problème mondial
La solidarité internationale est néanmoins indispensable, car ce qui se déroule en Inde a des conséquences dans le monde entier. Il y a bien entendu l’apparition des variants et du fameux "double variant" indien. "Aussi parce qu’il y a une immense diaspora indienne à l’étranger, ajoute François Delhaye. Ces gens voyagent et sont potentiellement porteurs du virus. La situation doit être contrôlée en Inde si on veut éviter une propagation dans le reste du monde, surtout dans les pays anglo-saxons et en Afrique où il y a d’énormes communautés indiennes. Un autre impact est lié au fait que le monde comptait aussi sur l’Inde pour aider à résoudre la crise, notamment pour la production de vaccins avec le programme Covax. Aujourd’hui, tous les moyens de l’Inde sont mobilisés pour faire face à ses propres besoins."
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Beaucoup de pays, dont la Belgique, tentent de se protéger en interdisant les arrivées de voyageurs en provenance du sous-continent. Les liaisons aériennes se font de plus en plus rares.
Mais l’ambassadeur de Belgique ne pense pas que l’on puisse confiner l’Inde du reste du monde. "C’est impossible. Ce pays représente le cinquième de la population mondiale. Il y a des communautés dans de nombreuses régions du monde. Il est illusoire sur le long terme d’espérer confiner quoi que ce soit en Inde. Mais il est important de limiter autant que possible les voyages, en raison des variants. Il faut éviter qu’une nouvelle vague de contaminations ne submerge nos pays, alors que nos programmes de vaccination ne sont pas encore terminés."
Frustration diplomatique
La crise sanitaire indienne a totalement chahuté le travail des diplomates belges dans le pays. "Je ne vous cache pas que c’est assez pénible pour nos trois postes (Delhi, Mumbai, Chenai) qui restent ouverts et continuent à servir le public. On travaille avec des mesures de précaution, le télétravail quand c’est possible et un personnel réduit. Mais le travail diplomatique quand les contacts personnels ne sont plus possibles, quand on ne peut plus se déplacer dans le pays, c’est difficile et assez frustrant."
La rapidité de montée de la vague laisse néanmoins penser que la décrue pourrait être toute aussi rapide, estime François Delhaye : "On peut espérer que, vu la rapidité de cette deuxième vague, elle retombe aussi rapidement qu’elle est venue. L’espoir, c’est qu’à partir de la mi-mai ou juin, les chiffres vont se stabiliser et diminuer. C’est juste un espoir…"