Le documentaire démarre sur les archives de cette cérémonie. On y découvre d’emblée la personnalité de ce savant plein d’humour. A un journaliste qui lui demandait s’il pouvait donner une explication simple accessible à des enfants sur sa découverte , sa réponse fuse sans équivoque : " absolument pas " répondait-il avec un sourire et un regard rempli de malice.
Tout au long du film, on fait plus ample connaissance avec cet homme de près de 90 ans, passionné par la physique autant que par la musique. " Je n’ai jamais travaillé dans ma vie " dit-il. " Pour moi la recherche ce n’était pas du travail, c’était un jeu ". Une passion qu’il a transmis durant de longues années à ses étudiants.
Encouragé par sa femme, ce documentaire est aussi l’occasion pour François Englert d’évoquer sa vie personnelle et un pan de sa vie dont il a très peu parlé. Né en 1932 dans une famille juive originaire de Pologne, François Englert a été caché pendant la guerre. Son frère, ses parents et lui ont miraculeusement échappés à la barbarie nazie grâce au courage de ceux que l’on appelle les Justes. Il n’avait jamais vraiment raconté son histoire d’enfant caché jusqu’à cette fameuse année 2013. " Il s’est passé quelque chose de bizarre quand j’ai reçu le Prix Nobel : j’ai senti à ce moment-là qu’il fallait que je raconte l'histoire de mon enfance ".
Ce traumatisme vécu dans l’enfance est devenu une sorte de vecteur de force. Il est sorti de la guerre avec la volonté de comprendre le monde. Electron libre déjà à l’école, il n’a fait que suivre sa propre voie et devenir un chercheur libre et insoumis ; un homme de doutes autant que de convictions. Et quand on lui demande ce qui le caractérise, il répond : " je n’ai aucune certitude dans l’existence ".
On ressort de ce film avec la certitude, par contre, d’avoir fait la connaissance d’un homme passionné autant que passionnant.
François Englert, rebelle et Nobel, un documentaire de Chantale Anciaux à voir le samedi 10/12 à 22h45 dans Fenêtre sur doc sur La Trois et à revoir sur Auvio
Produit par Memento Production/ la RTBF