Frankenstein : cette expérience désastreuse en 1803 qui a inspiré le roman culte

Frankenstein c’est tout simplement la naissance de la science-fiction. A l’époque de la publication du roman, le monstre créé par le docteur Frankenstein est très différent des loups-garous ou des vampires : pour la première fois, le lecteur est face à un mythe qui se fonde sur des avancées et des spéculations scientifiques. Pour les lecteurs du XIXe siècle, mais encore pour ceux du XXe siècle et même pour les lecteurs d’aujourd’hui, rien n’est inimaginable dans ce récit. Et c’est ça le coup de génie de Mary Shelley.

Mary Shelley était certes géniale et brillante, mais c’était aussi une femme de son temps, passionnée par les avancées scientifiques fulgurantes que son époque connait.

Aujourd’hui, de nombreux spécialistes et historiens, sont convaincus que pour créer son personnage Victor Frankenstein, Mary Shelley s’est largement inspirée d'un physicien italien : un certain Giovanni Aldini qui quelques années plus tôt avait réalisé une expérience morbide et choquante en tentant de réanimer un cadavre en public.

Le 17 janvier 1803 dans une salle du collège royal de chirurgie à Londres, le physicien Giovanni Aldini a disposé d’étranges appareils autour d’une grande table. Lui et ses invités, attendent l’arrivée du cadavre d’un condamné à mort qui vient tout juste d’être pendu. Aldini est persuadé que grâce à ses recherches et tous ses appareils, il va pouvoir lui redonner vie.

Il était convaincu que l’électricité était la source originelle de la vie et c’est pourquoi il pratique depuis des années des expériences sur des animaux morts ou sur des membres humains amputés, qu’il arrive à faire bouger en les soumettant à des courants électriques. On comprend que ce type d’expérience qu’il réalise devant des témoins impressionne très fort le public de l’époque.

Mais en Italie, Giovanni Aldini est limité : il n’a accès qu’à des bouts de corps ou de cadavres. Or, il lui faut un corps complet et en assez bon état pour poursuivre ses expériences : il veut prouver que l’électricité peut ramener les morts à la vie.

Il se rend à Londres. Là-bas, les voleurs sont pendus et non décapités, donc restent en un seul morceau. Aldini va arriver à convaincre les autorités académiques du bien fondé de ses expériences.

Il faut bien replacer cette tentative dans son contexte. À la fin du XVIIIe et au début du XIXe, l’Angleterre est en guerre contre la France. Pour les Anglais, ce scientifique italien qui dit pouvoir ressusciter les morts c’est une aubaine ! Voilà une avancée technologique qui pourrait rendre sa marine et son armée invincible. Cela signifierait qu'à chaque fois qu’un soldat meurt, on le ressuscite ! Tout cela peut paraître naïf, mais cette possibilité a réellement été envisagée.

On accepte de fournir le corps d’un condamné qui va être exécuté. Ce sera celui d’un certain George Foster, qui va être soumis à la peine capitale pour avoir tué sa femme et son bébé.

Foster est pendu, et directement après l’avoir décroché de la potence, on amène son cadavre encore chaud à Giovanni Aldini. Il faut aller très vite, selon le physicien italien, si on attend trop longtemps on ne pourra pas le ressusciter.

Il branche plusieurs électrodes sur ce cadavre nu et il arrive à obtenir quelques soubresauts des membres de Foster dus aux contractions musculaires.

Pour accélérer le processus, Aldini accroche une électrode sur le sommet du crâne, et en enfonce une autre dans le rectum du cadavre.

Le corps se met à convulser d’une manière effrayante dans tous les sens : en effet, la charge électrique, traverse maintenant tout l’axe central du cadavre en suivant la colonne vertébrale. La plupart des témoins de cette scène s’enfuient en courant tellement ils sont effrayés, et l’un d’entre eux mourra même en faisant un malaise quelques heures plus tard.

Mais le cadavre ne va pas revenir à la vie. Les piles galvaniques d’Aldini se vident, il n’y a plus de puissance et l’expérience s’arrête là. Non seulement l’expérience est un échec, mais compte un mort de plus dans la salle tellement le spectacle a été choquant.

Cette histoire va être racontée par les journaux de l’époque, Aldini va écrire plusieurs rapports sur ses expériences et c’est comme ça que 20 ans plus tard, une jeune anglaise s’en inspirera pour écrire son roman Frankenstein.