Initiatives locales

Fresques urbaines : quand l’art s’installe en ville

© Belga

Par Adrien Corbeel avec BX1, Télésambre, Vedia, RTC via

Les fresques urbaines ont la cote en Belgique. Certaines s’installent de manière sauvage (tout le monde se souvient de certaines fresques qui étaient apparues à Saint-Gilles il y a plus de 4 ans), d’autres sont le fruit de décisions des pouvoirs publics et font l’objet de mois de préparation. Les nouvelles fresques à apparaître à Bruxelles et Wallonie nous ont en tout cas donné envie de vous proposer un panorama (non exhaustif) des dernières œuvres qui ornent les murs de nos villes.

 

Les fresques aux services d’une cause

Les fresques urbaines ont le plus souvent une vocation artistique, mais elles peuvent aussi être mises au service d’une bonne cause. C’est le cas à Verviers, où une fresque féministe a été dévoilée au début de ce mois d’avril. L’idée derrière cette œuvre colorée et acrobatique est de permettre aux femmes de se réapproprier un peu plus l’espace public qui les rejette trop souvent.

À découvrir : Street-Art au féminin à l’entrée de Verviers, un reportage de Vedia

À Etterbeek, dans le quartier européen, c’est une cause écologiste qui a fait l’objet d’une œuvre de 25 mètres de haut, dévoilée le 14 mars dernier. Comme nous l’apprend BX1, celle-ci a pour but de mettre en lumière la destruction des forêts et autres écosystèmes naturels par l’Union européenne.

Certaines fresques sont faites pour durer. D’autres ont un caractère particulièrement éphémère. C’est le cas d’une fresque de 150m2 dédiée à la Croix-Rouge qui a fait son apparition à Liège en janvier dernier, au croisement du quai du Longdoz et de l’entrée de la rue Gretry, mais qui n’est déjà plus visible. Elle était l’œuvre de Denis Meyers et avait pour message "ensemble pour un monde plus solidaire" nous apprend RTC. L’artiste tournaisien n’en est pas à sa première œuvre éphémère. Il s’était notamment fait connaître avec "Remember Souvenir", grande exposition à l’intérieur des anciens bâtiments Solvay qu’il avait couverts de ses graffitis, sachant très bien que le lieu allait être détruit.

En plus d’être éphémère, la fresque réalisée par ses soins a une autre particularité : elle a été réalisée avec une peinture qui active le processus de purification de l’air. D’après la société bruxelloise à l’initiative du projet, la fresque, en plein centre urbain, équivaut ainsi à la plantation de 150 arbres matures.

De la planche de BD jusqu’au mur de la ville

Les parcours BD font partie de l’ADN belge. Il y en a notamment un à Charleroi, mais c’est à Bruxelles que se trouve le plus important vivier. Depuis plusieurs dizaines d’années, la ville met à l’honneur sur ses murs des personnages et des auteurs incontournables de la bande dessinée franco-belge. Leur nombre continue d’ailleurs d’augmenter. Dans le projet de féminiser le parcours, la création d’une nouvelle fresque a été confiée à Léonie Bischoff. Née en Suisse, habitant Bruxelles, elle est notamment l’autrice et dessinatrice de "Anaïs Nin : sur la mère des mensonges". Intitulée "La cabane", sa fresque devrait très prochainement afficher "une scène d’une sororité affirmée, où l’alliance pour un projet commun prime".

© GOOGLE / LEONIE BISCHOFF

Parmi tous les héros de BD franco-belge, il y en a en tout cas un qui est bien installé : le Chat, de Philippe Geluck, qui étale ses gags, sur une longueur de près de 140 mètres le long des anciennes casernes des pompiers Géruzet de la commune d’Etterbeek. Ces fresques ont d’ailleurs fait l’actualité lorsque l’une d’elles a été détournée en octobre 2021 par un message sur la crise sanitaire et l’état de droit. Comme l’avaient précisé plusieurs médias, dont BX1, Philippe Geluck n’était pas particulièrement fâché devant cet ajout : “Je préfère un détournement comme celui-là à un tag ou une dégradation, car il est réversibleDes personnes ont voulu faire passer un message de façon humoristique et l’on fait en respectant la fresque. Cela me fait penser à ces grands papiers collés sur des palissades ou des façades et mentionnant des prénoms de femmes victimes de féminicides. C’est très fort et c’est ce que j’appelle “le tag respectueux”. Il n’y a pas de dégradation du bien commun et le message est passé. Ensuite, la fresque du Chat redeviendra elle-même.

Fresques urbaines… et illégales ?

Le cas du Chat est intrigant. Peut-on parler de street-art pour ces fresques murales ? La question avait notamment été soulevée dans ce reportage d’Elodie Fournot qui s’était penché sur ce mouvement aux définitions multiples. Pour plusieurs artistes, l’art urbain n’en est pas vraiment lorsqu’il légal et approuvé : il se doit d’être sauvage.

Qu’elles soient légales ou illégales, militantes ou amusantes, les fresques font en tout cas partie du paysage urbain. Au point que les offices du tourisme proposent désormais des parcours de street-art. Télésambre pointe le cas de Charleroi qui propose une carte balade urbaine sur le thème du street-art. D’autres villes, comme Bruxelles, Namur et Liège ont lancé des initiatives similaires. Pas de doute, l’art urbain s’installe.

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