Cinéma

Fumetti, filme c’est de l’italien !

Satanik, une super-vilaine féminine et féministe

© Rodiacines et Copercines

Quand le Cinéma Bis devient un Art, bizarre vous avez dit bizarre ? Pas vraiment ! Le Cinéma italien regorge de sous-genres des plus inventifs. Le temps d’un article, attardons-nous sur les Fumetti, ces films inspirés de bandes dessinées aux super-héros défiant de super-méchants. Des super-nanars aux super-nanas !

"Devilman le diabolique", "Flashman contre les hommes invisibles", "Superargo contre Diabolikus" puis "Superargo contre les robots" ou bien encore "Argoman Superdiabolico". Sans oublier "Les 3 fantastiques Supermen" mais aussi "Satanik" et "Danger Diabolik" ! Derrière ces titres (un poil kitsch il est vrai) aux promesses d’action, de suspens et de thriller se cache un cinéma culte et populaire en Italie. Ces films sont des Fumetti. À l’origine, en Italie, les Fumetti Neri sont des bandes dessinées pour adultes publiées en petit format et en noir et blanc. Fumetti ou petites fumées en français dans le texte. De petites fumées ayant la forme des phylactères (les bulles) de ces BD. Ces Fumetti sont nées à la sortie de la Seconde Guerre mondiale et elles ont connu un incroyable succès dans les années 50. Une décennie plus tard, le Cinéma italien s’est emparé des héros de ces BD pour en faire des films. Voici leur histoire…

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Mais avant cela, voici un mini-rappel de la richesse du Cinéma italien, l’un des plus prolifiques et inventifs du globe. Un condensé express de son Histoire (en espérant ne pas fâcher quelques cinéphiles puristes par ces raccourcis). Le Cinéma italien démarre dans la foulée des Frères Lumière et de leur invention le Cinématographe en 1895 (ce sont eux d’ailleurs qui vont l’implanter en Italie) puisqu’en 1896 les premiers films italiens sont réalisés par un homme, Vittorio Calcina (le premier réalisateur italien) comme celui consacré au Pape Léon 13 (le premier pape filmé de l’Histoire).

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Le Cinéma italien a donné naissance à quelques grands genres comme le Futurisme (juste après la Première guerre mondiale) et le Néoréalisme (né juste après la Seconde Guerre mondiale). Le Néoréalisme présente la dure réalité de la vie. Il ne la truque pas et montre la vie telle qu’elle est réellement. Le plus beau film de ce courant-là reste "Le voleur de bicyclette" de Vittorio De Sica sorti en 1948. Ce film retrace l’histoire d’un père de famille pauvre de l’immédiat après-guerre qui s’est fait voler son outil de travail indispensable à la survie de sa famille, à savoir son vélo !

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Un Cinéma d’auteur va aussi connaître un bel essor dans les années 50 et 60 avec des réalisateurs comme Luchino Visconti, Michelangelo Antonioni et Federico Fellini et sa formidable "Dolce vita", Palme d’Or en 1960…

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Dans son texte "Super-héros et Super-vilains" proposé en guise de livret bonus au DVD "Satanik" chez Artus Films, le journaliste Alain Petit raconte que "dans les années 60, se nourrissant de genres rôdés par le Cinéma américain, le Cinéma italien a adapté ces genres à la sauce latine tout en innovant par le biais d’une mythologie propre !" Voilà comment ont été produits à Cinécitta (et partout ailleurs dans le pays) des films de cape et d’épée… que les Péplums ont supplantés… que le Western spaghetti a aussi supplantés… que les polars urbains (surnommé Giallo, jaune comme la couverture des romans de gare qui ont servi d’inspiration) ont encore supplantés… que les comédies érotiques ont fini de les enterrer. Les Fumetti, donc ces films de super-héros et de super-vilains, sont à glisser dans ces sous-genres. Des Fumetti qui se sont inspirés des productions dessinées de Marvel et de DC Comics (comme Batman et Superman). Toujours d’après Alain Petit, l’âge d’or des Fumetti se situe très précisément entre 1965 et 1968.

Flashman un super-héros italien comme on n’en fait plus
Flashman un super-héros italien comme on n’en fait plus © Zenith Cinematografica

Tout commence avec "Flashman et les hommes invisibles". Flashman est un lord anglais qui affronte un savant fou ayant inventé un sérum d’invisibilité. Cette première production de film de super-héros est tout aussi fauchée que drôle et naïve. Mais le cœur y est. Tout comme l’envie, celle de divertir ! Suit alors "Superargo contre Diabolikus". Là, l’esthétique est bel et bien présente et le film fait le job. Il est même drôlement bien foutu. Le succès est tel que Superargo (incarné par l’acteur Ken Wood, oui comme les chaînes hi-fi, soit le pseudo de Giovanni Cianfraglia, cascadeur de profession) connaît une suite dans "Superargo contre les robots".

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Mais le top du top, la crème de la crème, la référence… la riferimento comme on dit à Rome, est quand même assuré par l’excellent "Les 3 fantastiques Supermen". Le slogan du film résumait bien le genre en quelques mots…

Encore plus fort que King Kong, 007 et l’Homme qui valait 3 milliards, voici les 3 fantastiques Supermen !

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Du côté des super-méchants, outre "Danger Diabolik" du producteur Dino de Laurentiis ("Conan le barbare" c’était lui aussi) avec son esthétique Pop Art d’un James Bond sous LSD pourchassant Fantômas mais sans Commissaire Juve ni DS volante, vous avez "Satanik". Sorte de "Docteur Jekyll et Mister Hyde" au féminin, ce film raconte comment une vieille dame défigurée, Marnie Bannister, dérobe un sérum de jouvence et se venge ensuite des atrocités vécues dans son passé. Incarnée par Magda Konopka, Satanik mélange avec brio horreur et fantastique… le tout avec une dose d’érotisme ! Sexy et sexiste, féminin et féministe, on ne fera guère mieux ensuite.

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