Bruxelles

Gagner à la loterie, ça ne fait pas toujours le bonheur. Une expo à Bruxelles permet de s’en convaincre

Des milliers de billets à gratter exposés… tous gagnants… et qui forment des images !

© B. Schmitz – RTBF

Gagner au Lotto ou en grattant un billet de loterie ? Tout le monde en rêve ou presque. Mais parfois les conséquences sont rudes pour ceux qui accèdent ou qui croient accéder à la fortune du jour au lendemain.
Deux artistes ont fait de ces histoires une exposition à voir en ce moment à la salle de la Tour à plomb dans le centre de Bruxelles. 

Il y a les malheureux…

L’autre fresque en billets à gratter permet, une fois qu’on prend un peu de recul, de lire le nom de l’exposition "Just my luck" ("C’est bien ma chance", en français)
L’autre fresque en billets à gratter permet, une fois qu’on prend un peu de recul, de lire le nom de l’exposition "Just my luck" ("C’est bien ma chance", en français) © B. Schmitz – RTBF

Derrière la grande porte d’entrée de la Tour à plomb, on se retrouve tout d’abord devant deux énormes fresques. Particularité : elles ont été entièrement fabriquées avec des billets à gratter. Tous gagnants, en plus. Il y en a 3542 au total.

Le tas de lettres reçues par un libraire schaerbeekois qui n’a rien fait d’autre que de vendre un billet gagnant (et même excessivement gagnant) d’Euromillions en 2016
Le tas de lettres reçues par un libraire schaerbeekois qui n’a rien fait d’autre que de vendre un billet gagnant (et même excessivement gagnant) d’Euromillions en 2016 © B. Schmitz – RTBF

Dans la salle suivante, on découvre des histoires de gagnants à qui la fortune n’a pas apporté que du positif. Il y a le cas d’une famille française dont les gains de dizaines de millions à la loterie (et leur déménagement qui suit) vont susciter de très nombreuses rumeurs, fondées ou pas, dans la cité où ils vivaient en région parisienne.

Toujours en France, il y a aussi l’histoire d’Ahmed Allay dont le billet gagnant va lui rapporter uniquement… de la prison ! Mais chez nous aussi, les jeux de hasard entraînent leur lot d’histoires sombres. Comme celles d’amis mouscronnois qui jouaient toujours ensemble les mêmes numéros. Jusqu’au jour où celui qui est censé les faire enregistrer manque d’argent au moment de payer et accepte alors d’effectuer un "quick pick" (choix au hasard des numéros par la machine), moins cher. Malheureusement pour lui (et pour ses amis), ce soir-là, ce sont leurs numéros habituels qui sortiront. Pendant de longues minutes, ils vont donc tous se voir millionnaires, avant de tomber de très haut et de détruire au passage leurs relations d’amitiés.

Et puis, il y a le cas très médiatisé d’un libraire schaerbeekois, véritablement harcelé il y a cinq ans, alors qu’il n’avait fait que vendre le billet gagnant d’Euromillions à un habitué, balayeur de rue, qui restera anonyme et empochera tout de même la somme de 168 millions d’euros.

Katherine Longly sur les galères de gagnants à la loterie pour l'expo "Just my luck"

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"Ici, on a choisi la perspective du libraire qui a vendu le ticket gagnant", explique Katherine Longly, l’une des deux artistes à la base de cette exposition dans la vidéo ci-dessus. "Il s’est retrouvé en première ligne puisque c’est le seul lien qui existe avec le gagnant. Au total, le libraire a reçu 800 lettres de personnes demandant une petite aide. Il a aussi accueilli des personnes beaucoup moins bien intentionnées. Finalement, il a décidé de fermer sa librairie".

… et quand même aussi des heureux !

Quelques-unes des histoires plus positives de gagnants à la loterie
Quelques-unes des histoires plus positives de gagnants à la loterie © Katherine Longly

Mais l’expo ne raconte pas que le pire. Il y a aussi le meilleur ou, en tout cas, le moins pire. Entre un patron qui offre un billet gagnant à son employé mais qui n’est récompensé qu’avec une toute petite partie de la somme. Le couple qui est heureux de venir chercher son gain à Bruxelles pour pouvoir enfin… découvrir le MannekenPis ! Alors qu’ils habitent la région d’Arlon.

En général, ce sont des histoires avec des sommes gagnées moins importantes. A part peut-être celle de cette tenancière de café.

Katherine Longly sur les petits plaisirs de gagnants à la loterie pour l'expo "Just my luck"

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"Elle a décidé d’arrêter de travailler quand elle a gagné un million d’euros", détaille Katherine Longly, "Elle a alors engagé quelqu’un pour travailler à sa place dans son café. Mais après une semaine, les clients ont déserté les lieux puisqu’on y venait pour sa personnalité. Donc, finalement, elle a repris sa place derrière son comptoir et elle s’est fait quelques petits plaisirs, notamment l’achat d’un pouf en forme de talon aiguille".

L’hôtel de la chance, où on peut écrire ses vœux de gains à venir
L’hôtel de la chance, où on peut écrire ses vœux de gains à venir © B. Schmitz – RTBF

A la fin de l’exposition, on trouve deux éléments plutôt cocasses qui questionnent nos rapports à la chance et à l’argent. D’abord, une armoire remplie de reproductions de porte-bonheurs, appartenant à des connaissances des deux artistes. Cela va d’un grain de beauté qu’il faut toucher pour marquer au basket, en passant par des trèfles à quatre feuilles, des figures religieuses ou des vieilles robes qu’il faut absolument porter pour des occasions spéciales.

Ensuite, Katherine Longly et sa complice Cécile Hupin proposent au visiteur un "hôtel de la chance". Il s’agit en fait d’écrire ce qu’on aimerait un jour gagner à la loterie, en le faisant sur un papier joint à de faux billets de banque. "C’est assez étonnant parce qu’une personne a par exemple écrit : "Rien". Elle doit sans doute déjà être très heureuse. Mais d’autres sont plus concrets avec des montants précis -et souvent élevés- qu’ils aimeraient remporter".

L’un des papiers déposés sur l’hôtel de la chance
L’un des papiers déposés sur l’hôtel de la chance © B. Schmitz

Il y a aussi des notes très terre à terre, comme celle-ci qui souhaite à son auteur de gagner un jour pour pouvoir "acheter des cartes pokémon et des katana. Et de la bouffe". Une écriture qui ressemble à celle d’un enfant. Mystère. "Cela pourrait être aussi une personne un peu geek", sourit Katherine Longly. Les deux artistes ont mis cinq ans pour monter cette expo parce que retrouver des gagnants à la loterie, ce n’est pas facile. "Ceux qui ont gagné préfèrent rester discrets. Pour vivre heureux, vivons cachés, comme dit la formule. Et ceux qui n’ont finalement pas gagné préfèrent éviter de remuer ces souvenirs". L’expo "Just my luck" ("C’est bien ma chance", en français) est à découvrir jusqu’à ce samedi 16 avril inclus à la Tour à plomb, dans le centre de Bruxelles. L’entrée est gratuite.

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