En 1864, à la Foire aux Pains d’épices de Paris, l’ancêtre de l’actuelle Foire du Trône, on s’amuse et on se sustente en se gavant de confiseries : sucres d’orge, pains d’épice, bien sûr, mais aussi pâtes d’amande de Lille, briques de Reims, moustacholles de Tournai, Nonettes de Commercy et gaufres de Bruxelles. De Bruxelles et pas encore de Liège… Mais d’où viennent ces fameuses gaufres qui, aujourd’hui, font la renommée de la Belgique ? Voici l’histoire de la gaufre racontée par Pierre Leclercq.
Pierre Leclercq est membre du Centre de Gastronomie Historique,
collaborateur scientifique de l’université de Liège.
La gaufre de Bruxelles est rectangulaire. Sa pâte, assez liquide, couvre bien l’entièreté du moule. La pâte est très aérée, grâce aux blancs d’oeufs montés en neige, elle est parfois levée, et tout cela rend la gaufre très légère. Elle n’est pas sucrée. Elle sert plutôt un support à des fruits, de la chantilly, du chocolat, pour devenir un plat de dessert ou de 4h.
Sa consommation n’est donc pas du tout la même que celle de la gaufre de Liège, qui se suffit à elle-même. Tout se trouve dans la pâte, y compris le fameux sucre perlé ou les éventuels arômes. C’est une pâte à brioche, moins liquide, un pâton qui s’écrase dans le fer et prend une forme ovale. Elle se consomme beaucoup plus facilement, même en rue. Son mode de commercialisation est donc beaucoup plus simple.
Les gaufres de Liège et de Bruxelles se différencient non seulement par leur forme, leur consistance, leur goût, mais aussi par leur histoire. Elles n’ont effectivement pas d’ancêtre commun.