"Génération écrans, génération malade ?": l’impact des écrans sur le cerveau des 0-20 ans

"Les écrans sont un enjeu de santé publique majeur dont on n’a absolument pas pris conscience."

Le Dr Sylvie Dieu Osika, pédiatre depuis plus de 30 ans, membre fondateur du COSE (Collectif surexposition écrans) et auteure de "Les écrans – mode d’emploi pour une utilisation raisonnée en famille".

Un professeur universitaire en sciences de l’information en Californie a analysé comment le cerveau appréhende les réseaux sociaux. Les interactions étant nettement plus nombreuses sur les réseaux que dans la vraie vie, elles donnent un sentiment de plaisir. L’imagerie cérébrale face aux likes est édifiante ! Cette notion de plaisir, nous allons la chercher toujours davantage, jusqu’à en perdre le contrôle et arriver à une addiction. La mécanique de la récompense est terriblement vicieuse.

Quant aux effets des jeux vidéo, le phénomène est pire qu’Internet, au point que l’addiction chez certains joueurs est reconnue par l’OMS comme une vraie maladie de toxicomanie depuis 2018. Des centres ont émergé ces dernières années en Europe et accueillent des jeunes qui ont perdu le contrôle sur le jeu depuis au moins un an au détriment de leur vie familiale, sociale, scolaire et/ou professionnelle. Mais, étonnamment, on observe un effet positif des jeux vidéo, à savoir une augmentation de la concentration. Ils sont en passe de devenir une manière de soigner les troubles de l’attention.

Pour le psychiatre Serge Tisseron, comme la plupart des académies de sciences et de médecine dans le monde : pas d’écrans avant l’âge de 3 ans, car l’enfant ayant peu de temps d’éveil, il doit l’utiliser à acquérir ses fonctions cognitives et sociales : "Avant 3 ans, évitons les écrans autant que le bifteck dans le biberon ! L’estomac d’un bébé ne digère pas cette nourriture tout comme son cerveau ne digère pas les écrans."

Pour le tout jeune enfant, les spécialistes parlent du défaut de transfert, c’est-à-dire qu’il est incapable de faire le lien entre ce qu’il voit à l’écran et la réalité.

Ensuite, la recommandation jusqu’à l’âge de 5-6 ans est d’une heure par jour avec accompagnement et en évitant le moment des repas et du coucher.

Mais le film ne s’arrête pas en si bon chemin et s’aventure à répondre à la question des effets sur le développement cérébral à un âge plus avancé, jusqu’à la fin de l’adolescence. Car, comme en témoignent les professionnels, le cerveau se transforme entre l’âge de 10 et 20 ans jusqu’à devenir un cerveau adulte. Ces changements concernent essentiellement la personnalité comme le contrôle des pulsions, des émotions et la prise de décisions.

Une grande étude est menée aux États-Unis pour tenter d’avoir des réponses mais elle n’en est qu’à ses débuts et va s’étaler sur plusieurs années. Alors pour le moment, le conseil qui est donné aux parents est de ne pas s’inquiéter pour son ado si on n’observe pas de problèmes à l’école, à la maison ou avec les copains.

Ne manquez le documentaire Génération écrans, génération malade? le lundi 27 février à 20h35 sur La Trois, suivi, à 21h25, d'un débat en plateau avec Julie Morelle et ses invités et durant 90 jours sur Auvio