Matin Première

Georges Gilkinet : "Le dossier du survol de Bruxelles c’est une situation un peu inextricable"

Par Garance Fitch Boribon

Georges Gilkinet, ministre fédéral Ecolo de la Mobilité était l’invitée d’Elisabeth Groutars dans le cadre de la séquence "Droit de Suite" de Matin Première à propos du dossier du survol de Bruxelles.

 

 

Le dossier du survol de Bruxelles : un dossier compliqué et paralysé

C’est un dossier presque aussi vieux que la naissance de l’aéroport de Bruxelles-national en 1958. Un dossier qui a pris une telle tournure communautaire que la paralysie s’est finalement installée.

Il faut dire que le problème des nuisances sonores est complexe : l’aéroport se situe en Flandre mais les avions survolent intensément la région bruxelloise.

L’aéroport de Bruxelles est détenu par des partenaires privés mais aussi à 25% par le gouvernement fédéral, qui gère l’espace aérien. Trois gouvernements (bruxellois, flamand et fédéral) se partagent donc le dossier du survol de Bruxelles.

En 2017, suite à une action du gouvernement bruxellois et des communes de la capitale, la justice avait ordonné au fédéral de réaliser une étude d’incidence censée proposer des solutions aux nuisances sonores. Le fédéral pouvait aussi se voir réclamer jusqu’à 100.000 euros d’astreintes par semaine s’il ne respectait pas les normes de bruit. Sauf qu’à l’époque, la réponse du fédéral à cette condamnation, de son ministre la Mobilité (François Bellot à ce moment-là), n’a pas du tout plu à Céline Fremault, alors ministre de l’Environnement, Céline Fremault qui attendait en effet beaucoup plus de propositions concrètes.

En 2019, Alain Maron succède à Céline Fremault comme ministre bruxellois de l’Environnement. Et puisque les normes de bruit ne sont toujours pas respectées, il réclame les astreintes fixées par la justice. Le fédéral paie alors plus de 6 millions d’euros.

Alain Marron retourne alors en Justice car les astreintes n’étaient pas suffisantes pour que la situation soit modifiée, et puis surtout il plaide pour qu’une étude d’incidence digne de ce nom soit réalisée.

En 2020, le juge a alors confirmé des astreintes et le fédéral a été contraint de mener une nouvelle étude d’incidence pour examiner l’impact des différentes alternatives.

Deux ans plus tard, où en est cette étude d’incidence ?

" Elle est en cours, elle doit être terminée pour juin 2022 " explique Georges Gilkinet.

"C’est un dossier qui suscite beaucoup d’émotions et qui est très complexe. Il n’y a pas moins de 11 procès qui sont en cours à l’encontre de l’Etat fédéral, c’est ce dont j’hérite à ce poste. Il y a aussi une réalité géographique, un aéroport trop proche de la ville, à l’est, et les vents dominants viennent de la ville. On doit trouver des solutions et je m’y attelle depuis presque un an."

Juin 2022, ce n’est pas pour tout de suite

"On a voulu établir un cahier des charges très précis pour qu’on s’accorde enfin dans ce dossier et pour essayer d’objectiver les choses, l’impact des nuisances sonores sur la santé, mais aussi l’effet des potentielles solutions." justifie Georges Gilkinet

" Nous organisons aussi des concertations de l’ensemble des parties prenantes, on a une animatrice extérieure qui va permettre l’expression de différents points de vue et émotions pour tenter d’objectiver les choses.

Parallèlement on travaille techniquement avec l’aéroport et les autres organismes concernés pour voir les solutions qu’on peut déjà mettre en place pour diminuer l’impact sur les populations survolées en diminuant un maximum le bruit.

Le patron de l’aéroport fait également partie des discussions, dans le dialogue que j’ai avec l’aéroport je dis :"il y a aura encore un aéroport demain si on parvient à mieux cohabiter avec l’ensemble des populations concernées, si on va vers une aviation moins impactante pour l’environnement avec moins d’avions pour des courtes distances, des avions qui produisent moins de bruit, qui polluent moins, et à proximité des villes il y a des progrès possibles."

 

Il y a aura encore un aéroport demain si on parvient à mieux cohabiter avec l’ensemble des populations concernées, si on va vers une aviation moins impactante pour l’environnement avec moins d’avions pour des courtes distances

Un compromis est-il vraiment possible ?

Les habitants de Bruxelles et de la périphérie attendent cette concertation avec impatience. Mais pour Brigitte Buffart, présidente association Bruxelles Air Libre, cela risque d’être très compliqué de trouver un compromis entre toutes les parties, car chaque partie milite pour ses propres conditions, sa propre zone géographique, quand une solution est trouvée pour l’un, elle peut renvoyer la balle ailleurs.

"J’ai l’ambition d’essayer d’améliorer la situation pour tout le monde" souligne malgré tout Georges Gilkinet.

"Tout le monde veut que les avions survolent ailleurs qu’au-dessus de chez eux. C’est une situation un peu inextricable. L’héritable est particulièrement complexe et je veux permettre à tout le monde d’exprimer son propre point de vue et ensemble de chercher le point commun dénominateur. Je veux avant 2024 avoir posé des actes qui permettent d’améliorer la situation, en prenant compte les questions de sécurité aérienne, on ne fait pas tout ce qu’on veut."

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