Chroniques

Georges-Louis Bouchez à la télé flamande : les anges de la téléréalité recherchent crédibilité

Les coulisses du pouvoir

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Le président du MR va jouer dans une téléréalité flamande. Une pratique encore relativement rare côté francophone devenue un incontournable en Flandre. Mais, la visibilité n’équivaut, pas encore, à la crédibilité.

Spécial forces

L’idée est simple, des candidats vont subir un entraînement militaire dans l’émission Special forces : qui ose gagne. Ancienne star du Basket, ancienne star de la chanson et jeune président de parti, tous vont devoir supporter les épreuves, tant sur un plan physique que sur le plan mental.

Cette participation est étonnante pour nous côté francophone. Nous avons moins cette culture du mélange des genres entre divertissement, télé réalité et politique.

Récemment ce fut aussi la surprise lorsque Denis Ducarme, du MR a annoncé participer à l’émission “Les traîtres" sur RTL TVI. La chaîne annonçait que la participation d’un politique à une émission de divertissement était une grande première. Ce n’est pas vrai, il y a déjà eu plusieurs cas par le passé, en l’occurrence à la RTBF et le plus souvent suscitant la polémique d’ailleurs. Elio di Rupo à Sans Chichis en 2014, ou avant, en 2009, Les 12 Travaux de Michel Daerden. On pourrait aussi pointer la participation de politiques à l’émission Un samedi d’enfer, sur La Première jusqu’en 2018.

Quelques cas côté francophone, mais on reste dans l’exception, alors que c’est banal en Flandre.

VTM

On n’est pas dans le passage obligé, mais on est dans le passage privilégié pour les politiques qui veulent atteindre un large niveau de notoriété. Ça remonte à la création de VTM à la fin des années 80 début 90. La chaîne privée fait exploser les codes de la VRT qui refusait largement de confondre les genres.

Bert Anciaux de la défunte Volksunie était un des premiers politiques à se lancer. Beaucoup ont suivi. On citera évidemment Bart de Wever. Au milieu des années 2000, le jeune président de la N-VA a explosé lors de son passage à l’émission Slimste men ter Wereld.

Le phénomène ne semble pas se tarir. Les réseaux sociaux, qui permettent théoriquement de se passer des grands médias, n’ont rien changé à l’affaire. Prenez Conner Rousseau, le petit prince des réseaux sociaux. Sa chaîne Youtube ne l’a pas dispensé de passage au Slimste Men en 2020, à Fear Factor en 2022 et même à l’émission Masked Singer toujours en 2022. Dans cette dernière émission, déguisé en Lapin, il chante avant de retirer son masque à la stupéfaction générale.

Visibilité et crédibilité

Ces passages TV sont très certainement porteurs en termes de visibilité. Cela permet de toucher un large public, qui ne s’intéresse pas toujours à la politique. C’est le Graal pour un politique. C’est d’autant plus le Graal qu’il n’y a pas dans ces émissions de médiateurs traditionnels, pas de journalistes qui posent des questions sur l’action politique menée.

Beaucoup de politiques et certainement Conner Rousseau et Georges-Louis Bouchez sont habités par une recherche frénétique de visibilité, rapide et sans médiation. Tous les deux rêvent, très certainement, que la visibilité se traduise en crédibilité, qu’être vu c’est être cru.

Or, ce n’est pas aussi simple. La transformation de la visibilité en crédibilité n’est pas, encore, entièrement découplée de la véracité et de la cohérence. Ce sera peut-être le cas un jour, on pourra dire alors que la politique sera entièrement devenue un spectacle.

En attendant, Georges-Louis Bouchez est devenu très visible en Flandre. C’est une grande réussite de son point de vue. Mais il se heurte à un problème de crédibilité. Le fait qu’il ne parle pas le néerlandais reste un facteur bloquant. Autre problème, ses prises de paroles incessantes ont construit une image de politique impétueux et peu fiable. La plupart des présidents de partis flamands s’en méfient, y compris et surtout Bart de Wever. Les éditorialistes flamands, dont les plumes comptent plus que celles de leurs confrères du sud, ne sont pas en reste. L’émission Spécial Forces : qui ose gagne, participera sans doute à améliorer encore sa visibilité au nord du pays. Mais en matière de crédibilité, tout reste à faire.

 

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