Belgique

Georges-Louis Bouchez: "Comment voulez-vous atteindre cet objectif de moins 55% de CO2 si vous ajoutez des centrales au gaz ?"

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Par Sandro Faes Parisi sur base de l'invité de Thomas Gadisseux

Après le refus de permis pour la centrale au gaz de Vilvoorde et la sortie de Philippe Henry, ministre wallon du Climat et chef de la délégation belge à la COP 26, est-il encore possible que la Belgique parle d’une seule voix en matière de climat ? Pour en parler au micro de Thomas Gadisseux sur la Première, Georges-Louis Bouchez, président du MR, pour qui le nucléaire n'a pas dit son dernier mot.

Tout le projet fédéral de sortie du nucléaire, articulé autour du "mécanisme de rémunération de capacité" (CRM) où les centrales au gaz occupent un rôle central, s'écroule-t-il après le refus de la ministre flamande du Climat Zuhal Demir de ne pas octroyer le permis nécessaire à l'érection de l'unité de production de Vilvoorde ? Pour Georges-Louis Bouchez, la décision est cohérente: "Avouez quand même, qu'aujourd'hui, on tape beaucoup sur la N-VA et la ministre Zuhal Demir qui est dans son champ de compétence. On a voulu une Belgique fédérale, il faut en assumer les conséquences. Lorsque Groen dit que le jeu de la N-VA est dangereux, ce qui est dangereux ce sont ceux qui nous font croire que le CRM nous garantit une forme d'approvisionnement plus saine pour le futur. Or on parle de rejets d'azote et de méthane, je trouve que Zuhal Demir a pris une décision, en pleine COP26, en faveur de l'environnement plutôt que l'inverse."

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La Wallonie n'a pas vocation à être l'usine à CO2 du pays

Du méthane et de l'azote, il y en aura également à Gand, où pourtant le permis a été octroyé. La raison est-elle donc réellement climatique ou s'agit-il plutôt d'un jeu politique? Pour le président du MR, il y une différence, de taille, entre Gand et Vilvoorde : "Il n'y a que deux nouvelles centrales dans le projet. Gand est une extension d'une centrale existante. Selon la ministre flamande du Climat on n'est pas dans le même niveau de rejet d'azote et de méthane. Vilvoorde est une nouvelle centrale, elle doit donc répondre aux nouvelles normes de la Région flamande."

Serait-il dès lors possible d'envisager que cette troisième centrale s'implante finalement en Wallonie ? "La Wallonie n'a pas vocation à être l'usine à CO2 du pays. Je m'inquiète de voir ce processus qui voudrait que toutes les centrales soient implantées en Wallonie avec les conséquences pour les riverains." Et Georges-Louis Bouchez de remettre sur la table la question du prolongement du nucléaire, en citant notamment la position d'Emmanuel Macron, le président français sur la question nucléaire. 

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"Je n'aime pas le nucléaire mais j'aime encore moins les émissions de CO2"

Le MR, partenaire au Fédéral joue-t-il un double jeu ? "Pour le moment on ne rebat pas les cartes. Pour le moment, une partie du gouvernement dit très clairement qu'il faut une fermeture mais une majorité des partis ne se sont pas exprimés. Je ne sais pas ce que dit le PS, le SP.A, le CD&V... D'autant que nous, au MR, respectons l'accord de gouvernement. La sortie du nucléaire est conditionnée par la sécurité d'approvisionnement , et ce n'est pas le cas, la  garantie des prix et un accord transversal de moins 55% de CO2. Mais comment voulez-vous atteindre cet objectif de moins 55% si vous ajoutez deux centrales au gaz ?"

Georges-Louis Bouchez a-t-il une solution ? "Prolonger le nucléaire et étudier l'implantation de centrales nucléaires dernière génération comme cela a été annoncé en France. Une position légitimée selon lui par le paradoxe d'une électrification de la société qui serait dépendant de centrales électriques produisant... du CO2. Je n'aime pas le nucléaire mais j'aime encore moins les émissions de CO2."

Vers une crise gouvernementale ?

Le MR pourrait-il quitter le gouvernement ou tout le moins être à l'origine d'une crise ? Georges-Louis Bouchez s'en défend : "Je ne fais pas de menace, je veux travailler dans le cadre du gouvernement et convaincre mes partenaires qu'aujourd'hui nous avons besoin d'une production électrique bas-carbone et actuellement c'est le nucléaire". 

Sur les déclarations de Philippe Henry, chef de la délégation belge présente à la COP26, le président du MR temporise. "La deadline est symbolique. Aujourd'hui la Belgique n'est pas ridicule. Les engagements sont pris, il faut juste les répartir au niveau belge. "

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