Cyclisme

Gérard Bulens : "Van Aert aura-t-il un jour la volonté de gagner un grand tour ?"

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Sur le Champs Elysée, Wout Van Aert a remporté ce dimanche ce que l’on nomme officieusement le championnat du monde des sprinteurs. Une victoire hautement symbolique puisqu’elle a notamment privé Mark Cavendish du record de victoires sur le tour de France mais surtout parce qu’elle consacre un coureur qui aura gagné sur trois terrains diamétralement opposés sur cette édition 2021 de la grande boucle. Notre consultant Gérard Bulens a suivi Wout Van Aert dans son ascension et n’est pas totalement surpris par la performance de l’Anversois.

" On sait que c’est un coureur complet", explique l’ancien directeur sportif. " C’est un coureur de classiques. Le voir gagner au sprint, il l’avait déjà fait l’année dernière. Le voir gagner un contre-la-montre, il a été champion de Belgique de la discipline, on sait qu’il est très fort. Mais par contre, ce qu’il a réalisé sur le mont Ventoux avec une double ascension en partant de loin, c’est quand même impressionnant parce que, même si les candidats vainqueurs du Tour ne se sont pas battus dans la montagne, il a quand même conservé une belle avance. "

La performance de Wout Van Aert peut surprendre par son éclectisme. Mais le champion de Belgique fait preuve d’une polyvalence rare. En marge de sa prestation, il ne faudrait pas oublier que l’abandon rapide de son leader, Primoz Roglic, a aussi ouvert le champ des possibles pour notre compatriote.

" Si Roglic avait été tout à l’avant du classement général, il aurait dû gérer de manière différente. Le contre-la-montre pas mais les autres épreuves, c’est différent évidemment. Il faut voir aussi dans quel état de fraîcheur on peut arriver dans les derniers jours quand on a travaillé dans la montagne. "

 

 

 

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UN FUTUR VAINQUEUR DE TOUR ?

Avec une telle razzia sur des terrains aussi variés, il est impossible de ne pas penser plus loin. Déjà l’an passé, le travail écrasant de Van Aert pour son leader avait fait naître de nombreuses questions sur ses capacités à remporter un tour. Les victoires de cette année n’ont fait que nourrir la réflexion mais l’impulsion devra venir du coureur Jumbo-Visma.

" Il faut répondre à deux questions. La première, c’est : quelle est sa valeur en haute montagne quand il se bagarre avec les vrais grimpeurs et qu’il est attaqué à plusieurs reprises ? On ne le sait pas. C’est un point d’interrogation. Le cyclocross offre des possibilités d’avoir plusieurs cartouches dans son fusil comme ont dit et de réagir plusieurs fois. Mais on ne sait pas si dans la haute montagne il en est capable. Le deuxième aspect, c’est sa volonté. Est-ce qu’il aura un jour la volonté de s’aligner à un grand tour pour le gagner ? Point d’interrogation aussi. Lui en tout cas ne répond pas à cette question. "

Quoi qu’il en soit, Van Aert continue d’impressionner. Avec van der Poel et Merlier, aussi vainqueurs d’étapes sur ce Tour, le cyclocross tient ses plus beaux ambassadeurs. La discipline devient un fournisseur de "winners" au peloton sur route. Mais selon Gérard Bulens, il ne faudrait pas croire que le simple passage par les labourés facilite la transition vers le cyclisme sur route.

" Nous avons à faire avec Wout Van Aert, Mathieu van der Poel, Gianni Vermeersch ou Tim Merlier à de gros moteur. De gros talents. Tout qui va faire du cyclocross aujourd’hui ne va pas gagner des étapes sur le Tour de France. Il faut être logique. Le cyclocross développe la puissance cardiaque et musculaire. Il permet de multiplier les efforts. Vous revenez automatiquement sur les petits circuits sur les mêmes périodes difficiles qui imposent une accélération cardiaque et ça, c’est très intéressant pour les coureurs. […] Ce n’est pas un passage obligé. Mais c’est une très très bonne école. A un moment où indiscutablement, pour un enfant, aller rouler sur la route est devenu dangereux avec le trafic. Si vous allez faire votre apprentissage dans les labourés, vous tombez dans l’herbe ou dans le sable. Vous êtes à l’abri de la circulation. C’est moins dangereux. C’est ce qui va faire que le cyclocross va devenir un meilleur tremplin pour le cyclisme professionnel. "

CAP SUR L’OR A TOKYO

Wout Van Aert a pris son vol pour Tokyo quelques heures à peine après son succès sur les Champs. Dans le viseur, les deux courses olympiques désormais. Là encore, le coureur belge sera entouré de points d’interrogation. Deux principales questions restent en suspens.

" Le prochain rendez-vous, c’est samedi prochain aux jeux Olympiques. Il y aura deux éléments qui vont jouer. La chaleur, plus grande encore que celle qu’il a connue sur le Tour. Mais aussi le décalage horaire et le peu de récupération dont il va disposer puisqu’il est monté hier soir dans l’avion direction Tokyo. Il a inscrit les deux éléments comme objectifs. Aussi bien la course en ligne que le contre-la-montre. Et quand il s’inscrit un objectif dans la tête, il est en général très très près de le réussir. "

Rendez-vous dès samedi pour la course en ligne et mercredi prochain pour le chrono olympique. Avec Evenepoel ou encore Van Avermaet, la Belgique regorge d’arguments pour aller chercher l’or. Wout Van Aert semble dans un temps fort de sa saison et sera certainement attendu par tous sur les routes japonaises.

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