Si la situation des personnes LGBT + n’est déjà pas enviable au Ghana, elle risque fort d’être bien pire. Depuis cet été, une proposition de loi introduite au Parlement veut durcir la législation à l’encontre des relations entre personnes de même sexe, interdites jusque-là mais rarement condamnées dans les faits. La proposition de loi, qui veut promouvoir "les droits sexuels appropriés" et les "valeurs familiales ghanéennes", prévoit notamment de condamner l’homosexualité à 10 ans de prison, mais également de poursuivre les militants pour les droits des personnes LGBT +. En parallèle, les thérapies de conversion religieuses seraient encouragées.
Cette loi intervient dans un climat où le Ghana connaît un regain d’homophobie depuis plusieurs années, que ce soit au sein de la population ou de la part des autorités. En février dernier, la police a fait évacuer les bureaux de l’association LGBT + Rights Ghana, et en mai, 21 personnes avaient été arrêtées pour avoir "défendu les activités LGBTQ" dans la ville de Ho, relate The Guardian, sans avoir accès à un avocat ni à des soins.
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Une politique de la peur que dénoncent les associations du monde entier, et qui ne sera que renforcée si la loi est votée. "Les homosexuels ne vont pas soudainement disparaître avec l’apparition d’une nouvelle loi", affirme Alexandre Marcel, directeur du Comité Idaho France, à France 24. "Ils vont simplement devoir encore plus se cacher." Selon un sondage, 90% de la population serait d’accord avec les politiques de persécution des personnes LGBT.
Au Ghana, où 71% de la population est chrétienne, l’Eglise anglicane a ardemment défendu cette loi contre des valeurs dites "impies". "Ces religieux veulent imposer une vision qui ne reflète pas notre diversité et notre riche héritage culturel", dénoncent les activités de l’ONG ghanéenne Interfaith Diversity Network of West Africa (IDNOWA). "Les députés ne devraient pas se laisser guider, la politique de notre pays ne devrait pas être dictée par la religion", affirment-elles à France 24.
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Mais au sein de la communauté anglicane internationale, tout le monde n’est pas du même avis. A commencer par les chefs religieux du Royaume-Uni, comme Justin Welby, l’archevêque de Canterbury, un des principaux dirigeants de la communauté. "Je suis gravement préoccupé par le projet de loi contre les LGBTQ + qui doit être débattu au parlement ghanéen", note l’archevêque, cité par le Guardian. "La majorité des Anglicans tiennent à défendre à la fois l’enseignement traditionnel sur le mariage et les droits de chaque personne, quelle que soit son orientation sexuelle, devant la loi."