Coupe du Monde 2022

Gianni Infantino, fossoyeur attitré de la réputation de la FIFA et du football

Gianni Infantino et la FIFA multiplient les polémiques.

© AFP

La FIFA ne finit pas de faire parler, généralement en mal. Avec les dernières décisions qu’il a prises, Gianni Infantino, son président, fait tout pour garder une bonne image auprès du Qatar. Quitte à friser le ridicule et le pathétique.

"Place au jeu" disaient certaines personnes à l’approche de la Coupe du monde. Les polémiques écologiques qui entourent l’organisation de la compétition au Qatar sont connues. Le manque de respect des droits humains dans ce petit état du Moyen-Orient également. Malgré tout cela, la FIFA a tout fait pour essayer de mettre les polémiques de côté pour que le public se concentre sur le sportif. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est très loin d’avoir réussi.

Samedi dernier, Infantino avait d’abord critiqué les "leçons de morale" et "l’hypocrisie" occidentale, en expliquant se sentir "arabe", "gay" ou "travailleur migrant". Sans surprise, de telles déclarations n’avaient laissé personne indifférent. Peter Möller, le directeur de la fédération danoise de football avait été l’un des plus incisifs expliquant avoir eu "honte de participer à cet événement" quand il a entendu ce qu’avait dit Infantino, rajoutant qu’il trouvait cela "honteux" et qu’il avait été "choqué".

D’extérieur, la FIFA clame à coups de spots publicitaires inefficaces "non au racisme" et prône l’inclusion. Mais, dans les faits, la FIFA et son président ont montré par leurs récentes décisions qu’ils en étaient très loin. Ce lundi, les sept nations européennes, dont la Belgique, qui souhaitaient porter le brassard auréolé de la mention "One Love" ont finalement dû renoncer à contrecœur. La raison ? Une sanction sévère qui aurait pu toucher les capitaines des équipes. "Nous étions prêts à payer des amendes applicables en cas de non-respect des règles sur les équipements et étions très engagés autour de ce brassard. Mais nous ne pouvons pas mettre nos joueurs dans la situation où ils pourraient être avertis, voire devoir quitter le terrain", ont expliqué les fédérations concernées. Selon le règlement de la FIFA, les capitaines avec ce brassard auraient été forcés de rentrer au vestiaire pour le changer, sous peine de risquer de prendre un carton jaune.

Concernant les Diables, la FIFA ne s’est pas arrêtée là puisque l’inscription "LOVE" à l’intérieur du maillot extérieur doit être impérativement cachée. Même le maillot d’entraînement n’est pas autorisé par la FIFA alors qu’aucune inscription pouvant être considérée comme "politique" ne s’y trouve. À notre micro, Peter Bossaert, le CEO de la Pro League n’a pas caché son mécontentement concernant la situation. "On va porter avec un regard critique notre relation avec la FIFA. Leur attitude était tellement froide vis-à-vis de cette action. Pourtant, je pensais partager les mêmes valeurs la FIFA et nous." Voilà qui a le mérite d’être clair.

Celui qui a été encore plus clair, c’est Bernd Neuendorf, le président de la Fédération allemande. Alors qu’Infantino devrait être réélu pour quatre ans supplémentaires à la tête de la FIFA, profitant du fait qu’il est le seul candidat, son profil ne plaît pas chez nos voisins, qui ont expliqué qu’ils y étaient opposés. "Cela n’a pas été facile, c’est sûr, mais c’est notre décision de ne pas le soutenir parce que nous pensons que nous devons donner un signal. Tout le monde sait que Gianni Infantino a déjà de nombreuses confédérations de son côté, ce qui rend sa réélection très probable. Je pense néanmoins que sa lettre où il disait que les droits de l’homme ne devraient plus jouer de rôle et que nous devrions nous concentrer sur le foot est quelque chose qui nous a irrités, perturbés.", a expliqué Neuendorf.

Pas avare de propositions surprenantes comme une Coupe du monde tous les deux ans ou une Coupe du monde des clubs largement remaniée avec beaucoup plus d’équipes, Infantino creuse de plus en plus la tombe de la FIFA. Fédération à l’image catastrophique, la FIFA a perdu beaucoup de crédibilité avec l’attribution de ce Mondial au Qatar, sous fonds de soupçons très importants de corruption au sein des plus grandes têtes de l’organisation. Élu en 2016 avec un discours volontaire, voulant tourner le dos aux polémiques incessantes qui entouraient la FIFA, Infantino a échoué de ce côté-là. Au contraire. S’il n’est pas responsable de l’organisation du Mondial au Qatar, Infantino reste en première ligne depuis plusieurs années. Par ses décisions, il a décidé de se ranger derrière le pays hôte envers et contre tout. Même contre le bon sens. À l’heure où les appels au boycott se multiplient et dont il est difficile de mesurer l’impact potentiel, une chose est sûre : le football, par les prises de décisions de son dirigeant principal, va encore voir son image s’écorner. "Place au football" qu’ils disaient. Pour cela, il faudrait peut-être que ses dirigeants fassent de même.

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