Giro 2022 – Analyse détaillée du parcours : la Hongrie, des pentes à 20% et une étape reine à plus de 2.000m à la veille de l’arrivée

Mais avant l’île et son volcan, revenons sur ces trois premiers jours en Hongrie. La 1ère étape partira de Budapest pour rejoindre Visegrád. Un parcours plat mais qui, soudain, s’élèvera dans les cinq derniers kilomètres. Le peloton quittera le Danube pour grimper jusqu’au château de la ville. Une montée taillée pour les puncheurs avec des pentes moyennes autour des 5%. Mathieu Van der Poel est, par exemple, un sérieux candidat à ce premier maillot rose.

Le lendemain, pour la 2ème étape, place aux rouleurs avec un court contre-la-montre individuel de 9,2 km dans les rues de Budapest. Notons la présence de quelques pavés et les 1.500 derniers mètres en montée.

Le dimanche, le triptyque hongrois se terminera par une étape taillée pour les sprinteurs. 201 km entre Kaposvár et Balatonfüred avec une seule microdifficulté au programme et une arrivée 'carte postale', en bord de lac.

Après une journée de transition le lundi 9 mai, le peloton du Giro posera ses roues sur le sol italien en Sicile. Et cette 4ème étape sera, déjà, le premier rendez-vous des grimpeurs. Entre Avola et l’Etna, le peloton va parcourir un peu plus de 130 km dans l’arrière-pays sicilien avant d’attaquer les pentes du volcan. 22,8 km de montée à 5,9% de moyenne et une pente maximale à 14%. Les candidats à la victoire finale devront, déjà, être rendez-vous. Et comme l’a dit (avant son accident avec le bus) le vainqueur sortant Egan Bernal : "Cette première en altitude sur l’Etna sera importante car elle pourrait écarter les prétendants au général qui ne sont pas encore à 100%". Egan Bernal qui ne sera pas au départ du Tour d’Italie pour défendre son titre. Sa formation INEOS Grenadiers sera emmenée par Richard Carapaz.

La 5ème étape se disputera, elle aussi, en Sicile avec 174 km entre Catane et Messine. Une seule difficulté de 2ème catégorie est au menu et elle est située assez loin de l’arrivée. Les sprinteurs pourraient donc être à la fête.

La 6ème étape marquera donc l’arrivée des coureurs dans la botte. Là encore, les sprinteurs trouveront un parcours très favorable. Mais ce sera bien différent le lendemain. Entre Diamante et Potenza, la 7ème étape se disputera sur de véritables montagnes russes. 4.500m de dénivelé positif, un terrain de jeu idéal pour les puncheurs-grimpeurs et une étape piège pour les candidats au maillot rose.

La première semaine se terminera en deux volets. D’abord, une étape exigeante dans les rues de Naples avec un circuit final d’une vingtaine de kilomètres qui sera emprunté six fois. Et ensuite, le dimanche, une 9ème étape montagneuse dans les Apennins. Départ de Isernia pour rejoindre Blockhaus avec deux grosses difficultés dans le final : le Passo Lanciano et la montée vers le Blockhaus. Une ascension finale solide de 13,6 km, avec des passages à 14%.

Après les efforts du Blockhaus, le peloton observera une deuxième journée de repos. La reprise se fera de Pescara, avec 196 km jusque Jesi. Une 10ème étape divisée en deux temps : une première partie toute plate et une seconde accidentée qui pourrait favoriser les attaques. Le lendemain, à Reggio Emilia, les sprinteurs seront de retour. Avec moins de 500 mètres de dénivelé positif sur les 203 km, difficile d’imaginer un autre scénario que celui du sprint massif.

Les 12ème et 13ème étapes (avec un départ depuis Sanremo) serviront de transition pour amener la caravane vers un week-end montagneux. L’émotion sera particulièrement au rendez-vous dans la 12ème étape puisque le peloton passera par le Passo del Bocco, là où le coureur belge Wouter Weylandt avait perdu la vie en 2011.

Le samedi 21 mai, la 14ème étape arrivera à Turin, après 3000 m de dénivelé positif et 147 km très nerveux. Le final se disputera une nouvelle fois en circuit. Deux tours d’une boucle de 36.4 km. Routes sinueuses et pentes maximales de 20% annoncées, spectacle garanti. Le dimanche, place à une étape de montagne plus traditionnelle entre Rivarolo Canavese et Cogne. Tout se jouera dans les 80 derniers kilomètres avec trois cols à gravir, vers Pila, Verrogne et Cogne, et 46 km d’ascension (!).

Au lendemain de la troisième et dernière journée de repos, les coureurs feront face à l’une des étapes les plus difficiles de ce Giro 2022. Si le départ de Salò, en bord de Lac de Garde, sera paisible et tranquille, la suite de cette longue 16ème étape (202 km et plus de 5.000m de dénivelé positif) promet. Quatre montées à avaler et digérer avant 8 kilomètres de descente vers Aprica. Sur un tel profil, gare à la fringale, surtout après une journée de repos.

Peu de répit le lendemain, le mercredi 25 mai, avec une nouvelle étape de montagne au profil assez particulier. La 17ème étape partira de Ponte di Legno, au pied du Passo Tonale. Les coureurs grimperont donc dès le kilomètre 0. Ensuite, ils passeront de 1.800 m d’altitude à 200m sur une portion descendante de 70 km dans le Val di Sole et le Val di Non. Deux pics se dresseront dans le final de cette 17ème étape : le Passo del Vetriolo suivi de la raide montée du Menador. Au sommet de l’ascension, il restera 8 km vallonnés jusqu’à l’arrivée à Lavarone.

Avant le sprint final vers l’arrivée du Giro à Vérone, les prétendants au podium auront une dernière fois l’occasion de "souffler" sur la 18ème étape. Les 152 km entre Borgo Valsugana et Trévise seront promis aux sprinteurs, à condition que les coureurs les plus véloces de ce Giro n’aient pas abandonné. Ce sera leur dernière chance puisque la suite propose deux étapes de montagne et un chrono final.

La trilogie décisive commencera le vendredi 27 mai avec une 19ème étape, de Marano Lagunare au Santuario di Castelmonte, comportant quatre difficultés et un passage en Slovénie d’un peu moins de 40 km. Les coureurs y escaladeront le difficile mont Kolovrat (près de 10% sur 10 km). Une longue descente ramènera ensuite le peloton en Italie et la victoire se jouera dans la montée finale de 7 km vers le sanctuaire de Castelmonte.

Avant-dernier jour du Giro et voici, probablement, l’étape reine ! Après un départ à Belluno, le peloton va grimper pour dépasser les 2.000 mètres d’altitude. Trois géants dans ce menu titanesque : le Passo San Pellegrino (1918m), le Passo Pordoi (2239m et 'Cima Coppi' de cette édition, soit le point le plus haut) et la montée finale vers Marmolada via le Passo Fedaia (2057m), dont les 5 derniers km sont très pentus.

Et si les six étapes de montagne n’ont pas réussi à départager les candidats à la victoire, tout se jouera donc sur les 17,4 km du dernier chrono, dans les rues de Vérone. Un parcours en "dromadaire", avec une bosse d’un peu moins de 5 km située en plein milieu du parcours.

Avec un parcours très montagneux pour seulement 26 km de chrono (une première depuis les années 60 !), cette 105ème édition convient parfaitement aux purs grimpeurs.