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Giro 2022 : Jai Hindley, le retour du boomerang australien

Cyclisme : Sur les routes du Giro, tout comme au classement général, Jai Hindley est à l’affût derrière le maillot rose Richard Carapaz.

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Par Jérôme Helguers

Révélation du Tour d’Italie 2020, fantomatique en 2021 et de retour cette saison, Jai Hindley est le boomerang australien du peloton. De retour à niveau, le leader de l’équipe BORA-hansgrohe peut envisager la victoire finale sur ce Giro.

Alors qu’on va entrer dans la troisième et dernière semaine de course, le maillot rose de Richard Carapaz (ECU, INEOS Grenadiers) ne tient pas à grand-chose. La 'Locomotora' de Tulcan s’est discrètement installée en tête du classement général mais sans véritablement faire la différence. Carapaz possède seulement 7 secondes d’avance sur Jai Hindley (AUS, BORA-hansgrohe) et 30 secondes sur João Almeida (POR, UAE Team Emirates).

Le copieux menu des six derniers jours devrait permettre de faire la différence. Mais le niveau de ce Giro est tellement équilibré qu’un scénario à suspense, lors de la dernière étape à Vérone (un chrono de 17 km), est complètement envisageable. Hindley et Almeida sont les deux tigres les mieux placés, à l’affût de la tunique rose. Deux coureurs qui ont déjà brillé sur le Tour d’Italie, et en même temps. Dans une édition 2020 assez particulière (déplacée en octobre à cause du COVID), João Almeida avait passé 15 jours en rose avant de devoir céder son maillot à Wilco Kelderman dans une 18ème étape remportée par… Jai Hindley.

L’Australien était alors le lieutenant de Kelderman chez Sunweb, une révélation. Lors de la dernière étape de montagne, suite à la défaillance du Néerlandais, Hindley s’était même mué en leader. Propulsé maillot rose avant la dernière étape, Jai n’avait malheureusement pas résisté à Tao Geoghegan Hart dans le chrono final. Défaite cruelle mais logique.

Maillot rose sur le Giro 2020

Avant ce Giro 2020, Jai Hindley possédait peu de références. Passé pro en 2018 au sein du Team Sunweb, il avait bouclé le Tour d’Espagne, son premier grand tour, à la 32ème place finale. En 2019, il enchaînait avec un Giro de la même trempe : 35ème. Mais surtout, il se révélait sur les routes du Tour de Pologne, en terminant troisième d’une étape derrière Jonas Vingegaard et Pavel Sivakov.

Pour sa troisième saison, juste avant l’ébranlement COVID, le natif de Perth avait décroché son premier succès de renom, chez lui, sur le Jayco Herald Sun Tour en février 2020. Après la longue pause liée au contexte sanitaire, Jai était revenu avec un calendrier essentiellement italien, avec pour point d’orgue le Tour d’Italie. Dans ce Giro 2020 complètement débridé, il avait d’abord travaillé pour Wilco Kelderman avant de se muer en leader. Prise du maillot rose dans l’avant-dernière étape, mais dans la même seconde que son dauphin Tao Geoghegan Hart. Moins doué dans l’exercice final du chrono, Hindley avait cédé une trentaine de secondes au Britannique.

Une saison 2021 dans l’ombre

On pensait avoir trouvé un nouveau candidat sérieux pour les grands tours, mais en 2021 il s’est montré bien plus discret. Trop discret. Une maladie avait gâché tout son printemps. De retour sur le Giro, il n’avait pas pris le départ de la 14ème étape (il pointait alors à la 25ème place du général, à 17 minutes d’Egan Bernal), la faute à une blessure à la selle. Saison pourrie jusqu’au bout qui se terminera même avec une fracture à la clavicule.

Après cette saison morose, Jai Hindley décide de changer d’air. Cet hiver, il a intégré la formation allemande BORA-hansgrohe qui, avec le départ de Peter Sagan, a choisi de se réorienter et souhaite briller sur les courses à étapes. Hindley s’aligne sur son quatrième Giro consécutif et semble récupérer ses sensations de 2020. Effet boomerang, après énormément de travail sur sa condition, l’Australien est de retour.

Le boomerang australien

Hindley a frappé un premier coup en remportant la 9ème étape du Blockhaus. Depuis, Jai est plus discret et à l’affût. Il semble attendre son heure. Très bien entouré par un collectif BORA-hansgrohe qui semble même plus fort que les INEOS Grenadiers, le coureur de 26 ans reste au chaud mais va devoir sortir, et creuser des écarts, s’il ne veut pas revivre l’épisode de 2020. Car le contre-la-montre n’est pas sa spécialité.

Samedi dernier, dans les rues de Turin, Hindley et les BORA ont secoué une première fois le cocotier et tiré quelques enseignements. "C’était une journée et une course vraiment folle. Nous avons pris le contrôle très tôt car nous voulions secouer le classement. Carapaz a vraiment tiré la tronche, il n’avait pas l’air très frais. Mais quand il a attaqué, la route était encore longue, avec encore une montée, alors je suis resté calme et patient. J’ai pu économiser de l’énergie pour pouvoir faire le maximum dans la dernière ascension. J’ai pu y aller avec Vincenzo Nibali, nous avons collaboré pour revenir sur Carapaz", expliquait Jai Hindley après la 14ème étape.

Avant de commencer cette dernière semaine, l’Australien est bien installé dans la lutte pour la victoire finale. Reste pour lui à trouver les clés pour ne pas revivre le triste dénouement de 2020 et ainsi éviter une deuxième défaite dans les derniers instants.

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