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Giro 2022 : La montée du Blockhaus… un nom étrange et un tremplin pour Eddy Merckx

Cyclisme : Une reproduction de l’arrivée de la 12ème étape du Giro 1967 au sommet du Blockhaus. Duel entre Italo Zilioli et Eddy Merckx. Le Cannibale l’emportera.

© Giro d’Italia

Par Jérôme Helguers

Ce dimanche, le peloton du Giro 2022 va s’attaquer à la montée du Blockhaus. Un col dont le nom présente une faible consonance italienne mais qui se situe bien dans les Abruzzes. On vous explique l’histoire de ce Blockhaus et l’origine de cette appellation.

La 9ème étape du Giro 2022 va s’élancer de Isernia pour rejoindre le Blockhaus après 191 km. Avec quasiment 5.000 mètres de dénivelé positif, cette étape reine à travers les Apennins constitue l’un des trois rendez-vous clés de ce Tour d’Italie. Les deux premiers tiers de la course seront vallonnés. Ensuite, dans les 70 derniers kilomètres, les coureurs escaladeront le Passo Lanciano (10,3 km à 7.6%) et négocieront sa descente, pour ensuite s’attaquer à la montée finale du Blockhaus.

 
Cyclisme : Le parcours de la 9ème étape du Giro 2022 qui arrivera au sommet du Blockhaus.
Cyclisme : Le parcours de la 9ème étape du Giro 2022 qui arrivera au sommet du Blockhaus. © Giro d’Italia

Le Blockhaus est localisé dans le centre de l’Italie, dans le mollet de la botte, plus ou moins à hauteur de Pescara. Le pied est renseigné à Roccamorice (mais les 10 kilomètres précédents seront aussi en montée) et pour arriver au sommet, le peloton va devoir négocier 13,6 km de montée à une moyenne de 8.4%. La pente dépasse les 9% sur, quasiment, les dix derniers kilomètres et les passages les plus difficiles (14%) sont situés à cinq kilomètres de l’arrivée.

Cyclisme : Le détail de l’ascension du Blockhaus, lieu d’arrivée de la 9ème étape du Giro 2021.
Cyclisme : Le détail de l’ascension du Blockhaus, lieu d’arrivée de la 9ème étape du Giro 2021. © Giro d’Italia

Une forteresse pour débusquer les brigands

Le nom de 'Blockhaus' suggère bien évidemment une origine germanique. En allemand, ce nom signifie d’ailleurs 'maison de pierre'. Mais comment expliquer qu’un col italien porte ce nom ?

Durant le XIXe siècle, pendant l’unification italienne, les autorités veulent lutter contre les brigands et contrebandiers, très nombreux dans la région. Un fort de pierre est donc construit au sommet de cette montagne. La vue dégagée permettait de surveiller les allées et venues dans cette région stratégique. À l’époque, notamment à cause de la proximité de l’empire austro-hongrois, l’Italie utilisait couramment des mots d’origine germanique pour nommer ses lieux stratégiques militaires. Aujourd’hui, la forteresse est en ruines, mais le nom de Blockhaus a, lui, résisté au fil du temps.

Eddy Merckx, premier vainqueur au Blockhaus en 1967

En 2022, le Giro visite le Blockhaus pour la 7ème fois. La première fois que le Tour d’Italie a placé une arrivée à cet endroit remonte à 1967. Cette année-là, un jeune coureur belge d’un peu plus de 20 ans va mater les Italiens, chez eux et sur leur terrain. Eddy Merckx n’est pas un inconnu, il a notamment déjà remporté deux Milan-Sanremo, mais il va surprendre. Alors que l’on pense que la victoire d’étape va se jouer entre les Italiens Silvano Schiavon et Italo Zilioli, le Cannibale (déjà affamé à l’époque) surgit et sprinte dans les derniers mètres pour décrocher sa toute première victoire d’étape sur le Giro. A l’époque, ce succès est commenté comme celui d’un "sprinteur qui gagne sur le Blockhaus". Eddy prouvera plus tard qu’il avait bien sa place sur les étapes de montagne.

L’année suivante, en 1968, la course au maillot rose revient déjà sur le Blockhaus pour la 21ème et avant-dernière étape. Eddy Merckx est alors le leader du général (il remportera son premier Tour d’Italie le lendemain) mais c’est l’Italien qui lève les bras au sommet. Franco Bordero pense avoir gagné, mais rattrapé par la patrouille et contrôlé positif, il est disqualifié. La victoire revient à son dauphin italien : Franco Bitossi.

Troisième arrivée de l’histoire en 1972. Divisée en deux parties, la 4ème étape A arrive au sommet du Blockhaus et la 4ème étape B quitte le Blockhaus pour rejoindre Foggia. En haut, la victoire revient José Manuel Fuente. L’Espagnol construit son succès 15 km du sommet, colle 2'30'' à Eddy Merckx et s’empare du maillot. Trois jours plus tard, le champion belge piquera la tunique rose et ne la lâchera plus. Il gagne le troisième de ses cinq Tour d’Italie.

Le Blockhaus va ensuite se faire discret pendant plus de dix ans, pour finalement revenir en 1984. Placé assez tôt sur le parcours, il est le théâtre de l’arrivée de la 5ème étape. Moreno Argentin s’impose, avec 2 secondes d’avance sur Francesco Moser. Moser qui profite d’une défaillance de Laurent Fignon ce jour-là pour lui ravir le rose. Moser et Fignon vont d’ailleurs s’échanger le maillot de leader plusieurs fois dans ce Giro 1984 et au final, c’est l’Italien qui s’imposera grâce au chrono final.

Nouvelle longue interruption avant la cinquième arrivée à la 'maison de pierre'. En 2009, 25 ans après Moreno Argentin, un autre coureur italien est déclaré vainqueur : Franco Pellizotti. Le grimpeur blond et bouclé de la Liquigas devance de 42 secondes Stefano Garzelli et le régional de l’étape Danilo Di Luca. Mais Pellizotti va perdre ce résultat, la faute à un passeport biologique suspicieux.

La dernière arrivée au Blockhaus remonte à 2017. Dans une 9ème étape assez dingue, Nairo Quintana avait écrasé la concurrence en creusant des écarts assez importants. Le Colombien, à l’époque chez Movistar, avait même fait coup double en prenant le maillot rose. Mais il allait le perdre dès le lendemain, des œuvres de Tom Dumoulin. La journée avait aussi été marquée par un accident entre une moto de la police et plusieurs coureurs de l’équipe Sky, dont Geraint Thomas, au pied de la montée du Blockhaus.

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