Cyclisme

Giro 2022 : Pourquoi les Grands Tours s’élancent-ils de l’étranger ?

Le coureur Irlandais Ryan Mullen lors du contre-la-montre inaugural de la 101e édition du Giro, à Jérusalem.

© AFP or licensors

La "Grande Partenza" (le grand départ) de la 105e édition du Giro a eu lieu ce vendredi, sous les drapeaux vert-blanc-rouge. Pas ceux de l’Italie, mais bien de la Hongrie, puisque le peloton s’est élancé de Budapest aux environs de midi. Même formule cette année pour le Tour de France et la Vuelta, qui démarreront respectivement du Danemark et des Pays-Bas.

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La pratique n’est pas nouvelle (en 1954 déjà la Grande Boucle avait démarré d’Amsterdam), mais elle devient récurrente, surtout en Italie et en France. Entre 2010 et 2018, le Giro et le Tour ont démarré une année sur deux d’un pays étranger. Si la pandémie a empêché la pratique, 2022 marque le grand retour des départs allochtones. Et la tendance ne devrait pas s’inverser puisque le Tour de France 2023 partira de Bilbao, en Espagne, et que Bratislava pourrait accueillir le départ de la prochaine édition du Tour d’Italie.

Un intérêt financier

Mais pourquoi les organisateurs des Grands Tours décident-ils d’expatrier leurs départs ? La raison est, comme souvent financière. En 2018, le Giro démarre de Jérusalem. Un départ hors Europe inédit pour un Grand Tour. La raison officielle ? Un hommage au champion italien Gino Bartali, triple vainqueur de l’épreuve mais surtout l’homme qui a sauvé plus de 800 juifs pendant la seconde guerre mondiale. Cependant, nul doute que les 10 millions d’euros qu’aurait reçus l’organisation du Giro de la part de l’État d’Israël ont pesé dans la balance.

Et si les gouvernements sont prêts à mettre la main à la poche, c’est avant tout car cela offre un beau coup de projecteur à leur pays, dont l’image n’est parfois pas des plus reluisantes. "C’est un vrai coup de com’. C’est l’achat de minutes de télévision. Je pense que pour le gouvernement israélien, il s’agit de parler d’autre chose que du conflit en court, de la violation du droit international et de rappeler les beautés du pays en tentant d’attirer des touristes du monde entier" expliquait en 2018 Jean-Michel De Waele, professeur en sciences politiques et actuel Doyen de la Faculté des Sciences sociales et politiques de l’Université libre de Bruxelles au micro de Quentin Warlop.

Le parallèle peut rapidement être fait cette année avec le départ depuis la Hongrie de Viktor Orban. Pour obtenir La "Grande Partenza" depuis sa capitale, le gouvernement hongrois aurait déboursé plus de 25 millions d’euros. Le Premier ministre fraîchement réélu fait du sport son fer de lance pour redorer l’image de son pays, et la liste des compétitions sportives qui auront lieu en Hongrie ne cesse de s’allonger. Du côté de RCS Sport, l’organisateur du Giro, on se réjouit : "Trois étapes, deux pour les sprinteurs et un contre-la-montre, qui vont souligner la beauté de la Hongrie et du Giro grâce aux images diffusées dans plus de 200 pays".

Un coût environnemental certain

Si certains coureurs avaient exprimé des craintes concernant leur sécurité lors du départ d’Israël, le choix de cette année n’a pas semblé ennuyer le peloton. Les dents grincent sûrement plus du côté des défenseurs de l’environnement. L’organisation du Tour d’Italie a lancé en 2016 l’initiative "Ride Green", qui consiste à récolter les déchets laissés sur les bas-côtés. Mais pas certain que cela suffise à compenser le trajet de 2000 km entre la Hongrie et le sud de l’Italie, d’où partira la première étape locale.

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