Chroniques

Gouvernement De Croo : Winter is coming

Les coulisses du pouvoir

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Le Premier ministre est toujours vivant et son gouvernement avec. Il fait le gros dos, mais si la situation économique continue de se détériorer en hiver, il sera au pied du mur.

Pertes et profits

Le déluge de communication politique qui accompagne un accord budgétaire rend toujours compliqué une juste perception des enjeux. Chaque communiqué de victoire des partis partenaires sonne aussi et surtout comme une parade soulignant la défaite des adversaires. Les libéraux ont perdu sur la taxation de la seconde résidence et la réforme du marché du travail, les socialistes ont perdu sur les économies dans les soins de santé, les écologistes ont perdu sur les investissements dans le rail et la possibilité de prolonger plus de deux réacteurs nucléaires.

Cette communication fait passer la culture du compromis du “tout le monde gagne au tout le monde perd quelque chose”. Mais, cela reste un ciment pour des compromis, même si ça donne lieu à des accords baroques, dont la cohérence politique reste très faible.

Deception

Tout le monde perd assez pour continuer l’aventure. Mais au bout du compte, l’accord semble assez limité. Les commentaires dans la presse du jour sont plutôt dans la déception. Surtout au nord du pays, c’est très marquant. L’absence de réforme du marché du travail qui pourrait amener le pays à 80% de taux d’emploi déçoit beaucoup, l’endettement qui ne cesse d’augmenter, l’absence de réforme des pensions ou de réforme fiscale lasse au plus haut point.

Les 7 partenaires se neutralisent sur ces réformes c’est assez évident. Vu qu’Alexander de Croo a voulu un budget 2023-2024, qui porte sur deux années, soit jusqu’aux prochaines élections, la fenêtre pour réformer est donc en train de se refermer. Pour De Standaard, le gouvernement serait quasiment entré en affaires courantes.

Trop sévère ?

Ces critiques ne sont-elles pas trop sévères avec le gouvernement de Croo ? La déception n’affecte que ceux qui avaient des attentes démesurées. Il semble assez évident depuis plus d’un an maintenant que les grandes réformes sont repoussées aux prochaines élections. Marché du travail, pensions, fiscalité, énergie, réforme de l’Etat. Le gouvernement gère donc surtout les urgences, et le court terme. Et c’est ce qu’il a fait. Il n’en avait de toute façon pas les moyens de sortir le Bazooka comme l’Allemagne l’a fait à coup de 200 milliards d’euros. Et il n’en avait pas besoin, car dans la gestion du court terme il peut compter sur l’indexation des salaires, couplée au tarif social, elle protège mieux les ménages belges que les Néerlandais, les Français et les Allemands.

Intenable ?

Mais ce n’est pas tenable très longtemps. Cette protection de l’indexation va nous poser des problèmes à long terme, car les salaires et allocations sociales belges progressent plus vite qu’ailleurs. Les entreprises commencent à sentir passer solidement la facture. Le gouvernement a lâché un milliard, pour éviter une dégradation trop importante de la compétitivité.

Mais avec une telle inflation qui s’installe dans la durée, l’odeur de la récession, des sauts d’index et des restrictions budgétaires commencent à pointer le bout de leur nez. Les nécessités pourraient ramener dans le court terme de la Vivaldi ce qui était repoussé dans le moyen et long terme : contrôle du marché de l’énergie, marché du travail, compétitivité, austérité et assainissement budgétaire. Winter is coming. Au sens propre, et malheureusement au sens figuré.

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