Le projet de nouvelle maison de retraite de Grez-Doiceau a donc été présenté ce mercredi soir, au public. Le rendez-vous était fixé à l’Espace culturel de Néthen, place de Trémentines, à 20 heures. Il a permis de relancer le dialogue, d’apporter des éléments neufs et de susciter certaines mises au point.
C’est la dernière mouture du projet que le CPAS et la direction du home actuel (Home Renard) ont dévoilé, le permis du projet initial n’ayant pas été accordé. Par ailleurs, on se souvient que le projet inquiète certains riverains. Parmi leurs griefs : le choix du nouveau site, à savoir une prairie située le long du Sentier des 5 Bonniers, de possibles problèmes de mobilité, un risque accru d’inondations, et le gabarit du nouveau bâtiment qui accueillera 97 personnes, contre 69 aujourd’hui.
Les porteurs du projet disent avoir tenu compte des griefs dans la mesure du possible. Xavier De Cleyre, directeur du Home Renard, nous dévoile les grandes lignes du futur complexe.
Plusieurs unités de vie
Le bâtiment principal ne comptera plus qu’un seul étage, comme déjà annoncé. Mais contrairement à l’esquisse précédente, les nouveaux croquis présentent un complexe moins étendu. "C’est une volonté de répondre aux critiques dénonçant l’aspect massif du précédent schéma, mais aussi d’éviter les déplacements trop longs pour les résidents et le personnel", explique Xavier De Cleyre, directeur du Home Renard. "Le futur complexe doit rester à taille humaine, même si la demande est importante et que cette demande va s’accroître dans les années qui viennent, vu le vieillissement de la population. Nous avons aussi amélioré l’impact visuel pour les riverains. Les bâtiments seront mieux intégrés dans l’environnement. Nous conserverons d’ailleurs un espace vert et nous aménagerons un verger".
Complexe multifonctionnel
L’unité principale comprendra la maison de repos (MR) et la maison de repos et de soins (MRS). La répartition du nombre de lits entre ces deux entités dépendra de l’Aviq, l’organisme d’intérêt public autonome gérant les compétences de la santé, du bien-être et de l’accompagnement des personnes.
"Nous aurons aussi une unité dédiée aux personnes désorientées. Elle comprendra 15 places", explique Xavier De Cleyre. Dans le bas du terrain (près du Sentier des 5 Bonniers), une résidence services accueillera une dizaine de seniors. "Ces personnes sont plus autonomes. Elles auront leur espace privé, avec voiture et autres avantages. Mais quand elles seront plus âgées et plus dépendantes, elles pourront rester dans le même cadre de vie et simplement passer dans la maison de retraite, juste à côté".
Le complexe disposera aussi d’un centre d’accueil de jour d’une capacité de 15 places. Il est dédié aux personnes qui viennent passer in situ un, deux, voire trois jours par semaine.
Enfin, un autre espace sera réservé aux courts séjours. "Dans cette formule, les résidents passent au minimum 3 mois par an au sein de cette unité. Cela concerne les personnes en convalescence et qui ne savent pas rentrer chez elles, pour diverses raisons", précise le directeur. Le CPAS et la direction du Home Renard espèrent pouvoir inaugurer le nouveau complexe en 2025, si tout va bien.
Riverains sceptiques
A la veille de la rencontre de ce mercredi, les riverains opposés au projet ne semblaient pas se faire beaucoup d’illusions sur les réponses à leurs griefs. "Nous attendions une communication depuis de très nombreux mois. Il est temps qu’elle arrive enfin", explique Jean-Louis Lamboray, un des riverains concernés. "Nous sommes curieux de voir ce qu’ils vont dire à propos de la problématique de l’écoulement des eaux et des risques liés à la sécurité routière sur les petites routes du quartier. Je m’interroge aussi sur ce projet dans une politique du vieillissement, sur le manque de transparence du dossier et sur le refus de choisir un autre site qui pourrait convenir tout aussi bien, car nous comprenons évidemment l’importance de l’accueil des seniors. Il faut des établissements d’accueil, mais aussi des aides à domicile. Or, nous avons l’impression que le projet est imposé d’office par la majorité en place. De plus, le projet va coûter trop cher. Peut-être 20 millions d’euros, selon nos estimations ! Soit bien plus que les 12 à 13 millions évoqués, même si l’Aviq apporte quelque 6 millions".
Pour le Président du CPAS, Benoît Magos, le choix du site est le résultat d’études sérieuses et concertées. "Nous n’avons pas pu communiquer beaucoup ces derniers temps, c’est vrai. Mais c’était pour des questions liées aux analyses et aux réflexions nécessaires. C’est maintenant que nous allons apporter le fruit de ce travail. Et nous apporterons des réponses. Par exemple, en matière de gestion des eaux de pluie, nous prévoyons des systèmes de récupération d’eau, des toitures vertes, un espace vert permettant la perméabilité du sol, un système d’écoulement permettant d’éviter les inondations, notamment. Côté mobilité, nous n’avons pas de craintes et le plan de mobilité tient compte des futurs besoins, avec une inversion de sens unique, par exemple. Nous n’avons pas non plus une discothèque qui fait du bruit et qui occasionne des désagréments importants. Je pense que tout projet suscite le phénomène Nimby (on dit oui, mais pas à côté de chez nous ; terme sur lequel les deux parties sont revenues, comme indiqué plus bas). Ce qui est certain, c’est que nous devons accueillir les seniors dans une institution publique de qualité et moins chère que ce qu’offre le privé. Les tarifs journaliers devront encore faire l’objet d’une étude approfondie pour répondre à cette exigence."
Pas de Nimby
"Nous ne sommes pas des riverains égoïstes opposés par principe à l’installation d’un home à côté de chez nous", a tenu à préciser Jean-Louis Lamboray, après la réunion. "Nous avons eu quelque 40 réunions avec les porteurs du projet, ce qui prouve notre implication dans les discussions et notre volonté de débattre de manière constructive. Nous ne sommes pas des adeptes du Nimby. Nous sommes solidaires et nous sommes d'ailleurs nombreux à nous pencher sur ce dossier, une cinquantaine environ! Nous réfléchissons surtout à une politique d’aide aux seniors qui ne se limite pas aux maisons de retraite, mais qui devrait davantage évoluer vers des soins à domicile, car les besoins seront bien plus importants dans les prochaines années et on ne pourra pas répondre aux attentes des personnes âgées avec les seules maisons de repos. Il faut donc financer l’aide à domicile. Ceci dit, je trouve que la nouvelle mouture du projet a été améliorée. Ils ont tenu compte de certaines revendications".
De son côté, le président du CPAS, Benoît Magos, a tenu à dire qu’il n’était pas question d’accuser les plaignants d’adeptes du Nimby. "Ce terme est péjoratif. Or, Monsieur Lamboray, je dois le souligner, s’est fortement impliqué dans les débats sur ce projet, depuis des années. Nous respectons son point de vue et celui d’autres habitants. Nous ne voulons absolument pas stigmatiser les riverains opposés au projet. Nous souhaitons vraiment repartir sur des échanges constructifs. Nous travaillons aussi sur une politique de maintien à domicile. Mais pour certaines personnes, plus dépendantes, la prise en charge pour des séjours courts ou plus longs est nécessaire. Il faut donc élargir la réflexion, tout en respectant aussi le travail du personnel actuel du home Renard et des résidents. Beaucoup de monde était d’ailleurs présent, hier, pour le nouveau projet".