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Grossophobie dans le cinéma, la musique et le mannequinat : Kate Winslet, Jennifer Lawrence, Lio, Erin Heatherton… ne se taisent plus

© Samir Hussein - Emma McIntyre - Bennett Raglin / Getty Images

Les langues des femmes célèbres se délient toujours plus. Beaucoup d’entre elles dénoncent la grossophobie présente dans les industries du cinéma, de la musique ou encore du mannequinat, les poussant alors à la déconstruction et à la modernisation.

"Quand j’étais plus jeune, mon agent recevait des appels disant : ‘Comment va son poids ?’", a déclaré Kate Winslet, "Combien de kilos vas-tu perdre ?" a-t-on posé à Jennifer Lawrence lorsqu’elle a été choisie pour jouer dans "Hunger Games", "Tu es finie" a lancé l’équipe de Lio qui avait pris 25 kg, "Telle une diabétique, je me faisais une piqûre par jour dans le ventre le matin." a confié Erin Heatherton, ancien Ange de Victoria’s Secret qui s’est vue prescrire des coupe-faim et des injections d’hormones.

Les points communs entre toutes ces célébrités ? Ce sont des femmes actives dans l’industrie du cinéma, de la musique et du mannequinat qui ont, comme beaucoup d’autres encore, souffert de grossophobie.

Objets de fantasmes

La réussite à Hollywood est un cadeau empoisonné pour les femmes qui, confrontées aux hommes occupants les postes importants, doivent correspondre à l’idée que ces derniers se font d’elles. Si l’agent de Kate Winslet était questionné sur le poids de l’actrice à ses débuts et si Jennifer Lawrence a subi de lourdes pressions pour entamer un régime avant d’endosser le rôle de Katniss Everdeen, c’est parce que les standards de beauté découlaient directement du patriarcat.

Ne dérogeant pas à la règle, l’industrie de la musique insistait sur les mensurations des femmes. En effet, le lendemain de son apparition sur le plateau d’Antoine De Caunes en 87, Lio a été victime d’une réaction grossophobe et sexiste de sa maison de disques alors qu’elle était à une semaine de son accouchement. Comme le rapporte Marie Claire, la chanteuse a reçu une "délégation". "Ils cherchaient comment me rendre mon contrat… ‘Comment expliquer à Lio qu’on l’a signée parce qu’elle était belle et mince et que maintenant c’est une grosse loutre ?’ ", a-t-elle confié.

Fortement connu pour ses exigences, le secteur du mannequinat a mené à des dérives sur lesquelles des mannequins comme Erin Heatherton ont levé le voile. De 2010 à 2013, la jeune femme faisait partie des Anges de la marque de lingerie de luxe, Victoria’s Secret. Dans le podcast "Fallen Angel" (" Anges Déchus "), elle a confié avoir fait appel "à un nutritionniste de stars" qui lui a prescrit coupe-faim et hormones afin de ne pas perdre son contrat avec la marque emblématique anciennement dirigée par Ed Razek et Leslie (Les) Wexner et fortement critiquée pour l’entretien de son culte de la maigreur jusqu’à plus ou moins 2018.

Mais le cinéma, la musique et le mannequinat sont des industries dans lesquelles on se heurte inexorablement au fameux plafond de verre. Face aux hommes riches et puissants de ces industries, les femmes se voient être modelées à l’image de leurs fantasmes. Ainsi, vergetures, poignées d’amour et cellulite suscitent le dégoût alors qu’aucune femme n’a naturellement le corps lisse d’une Barbie.

De nouveaux standards pour une nouvelle ère

Si beaucoup ont le "Pourquoi en parlent-elles seulement maintenant alors qu’elles ont accepté le chèque ?" pendu aux lèvres, il est à noter que ce sont les mouvements féministes et les réseaux sociaux qui ont permis la libération de la parole des femmes. En parallèle, des célébrités comme Lizzo ou encore Selena Gomez prônent le body positive.

Avec de l’espace pour partager leurs expériences et dénoncer, les femmes obligent les industries à se déconstruire et à se moderniser. On retrouve, par ailleurs, des femmes qui deviennent réalisatrices et productrices comme Olivia Wilde, certaines créent leur propre label de musique comme la française Orane Guénau (Black Lilith Records) ou occupent des postes de plus en plus importants comme Janie Schaffer, la nouvelle directrice de création de Victoria’s Secret, dorénavant concurrent direct de "Savage X Fenty" by Rihanna qui prône la lingerie inclusive.

Le progrès se fait donc tout doucement, à tel point que les thick women (femmes en chair) sont de plus en plus valorisées. Mais si on fait encore souvent 2 pas en avant et 3 en arrière en lisant des commentaires grossophobes sur Rihanna, Lana Del Rey, Louane ou encore Amel Bent, c’est parce que les standards de beauté imposés par le patriarcat ne peuvent être abolis du jour au lendemain. Les grandes industries y travaillent (parfois pour des raisons purement marketing, parlons en toute franchise) mais il faudrait aussi que chacun et chacune se rappelle que ce ne sont pas les corps qui doivent changer mais bien le regard des acteurs et actrices de la société.

 

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