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Guatemala : ces deux candidats de gauche qui ne peuvent pas se présenter à l’élection, alors que la fille du dictateur est candidate

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Ils tentent de frapper à la porte des députés européens à Bruxelles depuis deux jours. Thelma Cabrera et Jordan Rodas veulent attirer l’attention du monde sur ce qu’ils appellent une fraude électorale au Guatemala. Les deux défenseurs des droits humains et des droits des indigènes se sont portés candidats en duo, pour devenir coprésidents en juin prochain. Mais la cour suprême électorale en a décidé autrement. Jordan Rodas ne pourra pas être candidat. Raison invoquée : une plainte et une enquête en cours à son encontre. Les voilà tous les deux privés d’élection et de nombreuses organisations non gouvernementales parlent de fraude.

" Aujourd’hui encore, je ne sais pas de quoi on m’accuse ", explique Jordan Rodas. " Il y a eu une plainte déposée par mon successeur au poste de procureur des Droits Humains. Une enquête est lancée mais tout ça c’est un obstacle pervers pour bloquer ma candidature à l’élection présidentielle. En fait, ils me présentent la facture parce que j’ai décidé de ne pas être du côté des corrompus. " Jordan Rodas n’est pas le seul haut fonctionnaire anticorruption dans l’œil de l’Etat. Plusieurs personnalités ont été emprisonnées alors qu’elles avaient mené des enquêtes contre le crime organisé.

La fille du génocidaire Rios Montt a reçu le feu vert pour être candidate

Enquête légitime ou non, en face de l’échiquier politique, à l’extrême droite, Zuri Rios a pu officialiser sa candidature. Elle est pourtant la fille de l’ancien dictateur Efrain Rios Montt reconnu coupable de génocide perpétré sous sa courte présidence en 1982 et 1983. En deux ans, le Guatémala a connu son heure la plus sombre qui a fait de 150 à 200.000 morts. " Constitutionnellement, elle devrait être interdite de participer à l’élection ", explique Jordan Rodas. " Parce qu’elle est la fille d’un dictateur. Il y a aussi un candidat qui est pasteur évangélique et la Constitution dit que les ministres du culte ne peuvent pas être présidents. Ces interdictions existent mais le tribunal suprême électoral a décidé de les laisser passer eux et pas nous. " Zuri Rios n’a rien rejeté de l’héritage de son père, au contraire. La candidate d’extrême droite a combattu les juges et militants qui luttaient contre l’impunité. Sa candidature est soutenue par l’armée et les églises évangéliques.

L’Etat est mené par des criminels corrompus

Là où Zuri Rios veut des sanctions fermes contre ceux qui remettent en question les propriétaires terriens, Thelma Cabrera, l’autre candidate interdite d’élection veut au contraire redistribuer des terres aux indigènes. Deux visions du monde qui s’opposent. Thelma Cabrera a le regard fier des peuples indigènes et la tenue colorée caractéristique des anciens peuples d’Amérique Latine. À ses yeux, elle reste candidate légitime. " Les peuples nous ont choisis. Je suis candidate mais l’Etat corrompu ne le reconnaît pas. L’Etat est mené par des criminels qui violent leurs propres lois."

Des recours ont été introduits. Sans grand espoir. Les deux candidats lancent un appel à la vigilance de la communauté internationale.

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