Au début de l'invasion russe en Ukraine, le commerce du diamant a bien été cité comme cible possible des sanctions. Mais à l'heure actuelle, il n'en est toujours rien. Selon plusieurs élus européens, l'explication est simple : le secteur diamantaire peut compter sur un important lobbying, jusque dans les travées du Parlement européen.
Pis: selon une récente étude sur les données du commerce mondial du New York Times, la valeur des exportations de la Russie vers la Belgique aurait même augmenté de 130% après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Et une grande partie de cette augmentation serait liée au commerce des diamants. Selon l'observatoire du commerce international, la Belgique importait sur le seul mois de juin 2022 un volume de 394 millions d'euros de diamants de Russie, ce qui en faisait sa plus grande source d'approvisionnement, et une augmentation colossale par rapport à 2020.
De son côté, le gouvernement belge a toujours affirmé qu'il n'avait jamais demandé à la Commission européenne de retirer les diamants de sa liste de sanctions et qu'il ne s'y opposerait pas. Faut-il encore qu'une telle proposition soit véritablement discutée entre les 27 Etats membres. Ce qui n'a pas encore été le cas... quoique.
Selon le New York Times, un incident a fait beaucoup de bruit au mois de septembre. A ce moment, la Commission européenne prépare une nouvelle série de sanctions. Le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) ne reçoit pas la note selon laquelle les diamants doivent rester exclus des sanctions. Le projet de document est donc rédigé en faisant mention qu'Alrosa, société russe de diamants appartenant à l'Etat, doit être visée par les sanctions. Repérant l'erreur, la Pologne et d'autres pays pro-ukrainiens ont fait trainer les négociations sur le paquet de sanctions, en espérant qu'Alrosa serait bien visée par ce nouveau train de sanctions. Finalement, il n'en fut rien, faute d'obtenir l'unanimité des 27 Etats membres. Alrosa continue donc aujourd'hui d'exporter vers l'Union européenne.
Pour combien de temps encore ? Difficile à dire. Mais Alrosa, comme l'ensemble du secteur diamantaire, n'ignore pas que le vent pourrait tourner.
Mi-octobre, la Pologne et ses alliés ont de nouveau inclus les diamants dans les propositions d'un nouveau paquet de sanctions. Les pourparlers n'ont pas encore commencé. On est donc encore loin de toute sanction de ce type. La proposition sera peut-être une nouvelle fois balayée d'un revers de la main par certains Etats membres. D'autres en revanche ne baissent pas les bras, et espèrent qu'un jour, ce secteur très brillant, sera sanctionné, comme d'autres pans de l'économie russe.