Et au détour d'un chemin, soudain, sur le balcon d'une maison sans fenêtres battue par les vents, apparaît un homme. Bonnet enfoncé surplombant un visage émacié, silhouette mince peu couverte malgré le froid glacial, Iouri Ponomarienko accueille gentiment les visiteurs.
Cet homme de 54 ans, natif de Bogorodytchné, avait envoyé sa femme et sa fille en Pologne quatre jours avant le début de l'invasion russe en février.
Puis il a lui-même fui lorsqu'ont commencé les combats dans ce bourg, logeant à droite à gauche dans les villes et les villages encore préservés des régions orientales de l'Ukraine.
Je sentais que je devais revenir, il le fallait.
Avant de retourner, après la fin des combats, à Bogorodytchné où il a passé la plus grande partie de sa vie. D'abord un jour par ci un jour par là.
Il s'y est finalement installé il y a une semaine. Dans une maison qui n'est pas à lui. La sienne a été rasée.
"Je crois que je suis le premier à revenir vivre ici, même si je crois qu'il y a toujours une mère et son fils qui n'ont jamais quitté le village. Je sentais que je devais revenir, il le fallait", dit Iouri.
Il séjourne dans une petite pièce d'à peine cinq ou six mètres carrés, a bâti un chauffage artisanal avec des briques, qui diffuse une chaleur réconfortante. Un thermomètre suspendu à un fil affiche quelque 18 degrés.