Vougledar, cité minière du sud-est de l’Ukraine semble être totalement désertée. Mais un simple coup de klaxon de l’aumônier Oleg Tkachenko fait émerger d’immeubles en ruine des dizaines d’habitants exsangues qui ont échappé aux intenses bombardements russes.
Dans sa camionnette Fiat rouge, équipée de vitres pare-balles mais au pare-choc défoncé, Oleg amène des ravitaillements : d’énormes sacs de pain frais, des cageots de pêches ou de framboises et des bouteilles d’eau et d’huile de cuisson s’entassent à l’arrière du véhicule floqué de l’inscription "aumônier". Sans la visite hebdomadaire de cet aumônier volontaire, les quelques centaines d’habitants qui vivent encore à Vougledar, sur les 15.000 que comptait la ville avant la guerre, devraient survivre uniquement avec les denrées données par des soldats et de l’eau de pluie.
Oleg Tkachenko ne fait pas partie de l’armée mais porte des vêtements militaires et un gilet tactique. Il est chaleureusement salué à chaque barrage routier de cette ville située au cœur du front. Ici, la guerre a tout détruit.
La mine de charbon est à l’arrêt, inondée depuis que les pompes de drainage ont cessé de fonctionner ; écoles et bâtiments administratifs sont en ruines ; l’eau et l’électricité ont été coupées et l’hôpital, en bordure de la ville, a été abandonné car trop proche des lignes russes qui se trouvent à moins de 3 kilomètres.
Le sifflement des drones de surveillance ukrainiens est incessant et même pendant ce que les habitants appellent une journée calme, des tirs d’artillerie et de roquettes retentissent fréquemment.