Par ces propos, l’objectif du ministre russe des affaires étrangères n’est autre de discréditer le président ukrainien. "C’est une phrase qui relève du sophisme", explique Laura Calabrese, professeur de sciences de l’information et de communication à l’ULB. "Il utilise un procédé rhétorique fallacieux pour inverser le rapport victime – agresseur".
Moscou a répété à maintes reprises vouloir "démilitariser" et "dénazifier" l’Ukraine pour justifier l’invasion lancée le 24 février. "Dire qu’Hitler a du sang juif revient à assimiler le président ukrainien à un génocide", explique la spécialiste.
Selon la linguiste, cette phrase s’inscrit dans un contexte plus général de manipulation des faits historiques par le discours politique, mais également dans le complotisme antisémite. Sergueï Lavrov ajoute d’ailleurs plus tard dans l’interview que "les plus grands antisémites étaient juifs".
"Il manipule l’histoire et nourrit l’idée complotiste que les juifs ont orchestré la Shoah ou participé dans l’armée nazie, produisant ainsi une énorme confusion historique", analyse Laura Calabrese.
Celle-ci critique par ailleurs le traitement médiatique de cette déclaration. "En se focalisant sur la réaction politique en Israël, les médias adoptent un cadrage géopolitique au lieu de faire une lecture raciste de propos qui s’inscrivent clairement dans la généalogie du discours antisémite".