Guerre en Ukraine

Guerre en Ukraine : cinq questions à Maksym Karpusenko, professeur à l’Université nationale de Kharkiv

© AFP

Par Ibrahim Molough

Les jours à venir seront pour les civils de l’est de l’Ukraine "la dernière chance" d’évacuer la région, ont averti jeudi les autorités locales sur fond de crainte d’une offensive majeure de l’armée russe. "Les prochains jours sont peut-être la dernière chance pour partir. Toutes les villes libres de la région de Lougansk sont sous le feu ennemi", a alerté sur Facebook son gouverneur, Serguiï Gaïdaï, indiquant que les Russes "étaient en train de couper toutes les voies possibles de sortie".

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Maksym Karpusenko, professeur d'anglais à l’Université nationale de Kharkiv
Maksym Karpusenko, professeur d'anglais à l’Université nationale de Kharkiv © D.R.

Alors que les autorités locales appellent les civils à quitter l’est de l’Ukraine, nous avons pu obtenir le témoignage de Maksym Karpusenko, habitant de Kharkiv et professeur d’anglais à l’Université nationale de Kharkiv.

Quelle est la situation actuelle à Kharkiv et quelles sont les zones visées par l’armée russe ?

Maksym Karpusenko : Les quartiers résidentiels autour de la ville sont constamment bombardés, la moitié de ces quartiers sont détruits et la situation y est très dangereuse. C’est pour cela que j’ai quitté mon foyer qui se trouvait dans un de ses quartiers.

A présent, je suis chez mon frère à proximité de la ville. Par contre, le centre-ville reste relativement épargné et calme. Il y a tout de même des attaques russes, mais elles sont plus précises. Les Russes y visent des bureaux de l’armée ou de la police. 

Dans tous les cas, ils n’ont pas réussi à pénétrer dans Kharkiv. En réalité, pour atteindre la ville, ils doivent d’abord passer par les quartiers résidentiels qui encerclent le centre. Ils n’ont alors pas le choix d’attaquer ces quartiers.

Est-ce que la population a ce dont elle a besoin d’un point de vue sanitaire et alimentaire ?

MK : La ville est grande et la situation est différente entre chaque quartier. Par contre, de nombreux volontaires portent des vivres et des médicaments du centre-ville, plus calme, vers les quartiers assiégés où se trouve une partie de la population.

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Comment se sont passées les évacuations des civils vers l’ouest ?

MK : La plupart des gens qui voulaient partirent l’ont déjà fait pendant les deux premières semaines du conflit. Il y avait beaucoup de gens qui partaient vers l’ouest via les trains mis en place par la compagnie nationale de chemin de fer. Pour vous donner une idée, il y avait jusqu’à huit trains par jour pour les évacuations. Avant la guerre, il y en avait peut-être un ou deux trains maximums qui partaient de Kharkiv. Vraiment, je les remercie et ils ont bien organisé tout ça.

Ma famille, qui est maintenant en France, a elle aussi pris le train pour fuir l’Ukraine. Actuellement, ceux qui restent sont soit ceux qui ne veulent pas partir ou qui ne peuvent pas partir. En ce qui concerne ceux qui n’ont pas le choix, ce sont, par exemple, les personnes malades ou trop âgées qui ne peuvent pas supporter le voyage. Ma famille qui était partie vers Lviv a dû faire un voyage de 26 heures dans un train. C’est vraiment épuisant et difficile.

Est-ce qu’il y a encore, actuellement, des évacuations et comment se déroulent-elles ?

MK : Oui, aujourd’hui encore, il y a un ou deux trains qui partent de la gare. De plus, il existe aussi des évacuations privées en petit groupe.

Avez-vous été témoin de combats ?

MK : En fait, notre famille a très vite fui car nous étions très proches des zones de combats. On a pu entendre les missiles, les canons, les tirs, etc. J’ai vu les dégâts causés par les missiles, comme des incendies d’immeubles. J’ai même vu une porte cassée par un missile qui n’avait pas explosé, il était là, tout entier, à travers la porte.

Mais comme je vous l’ai dit, les troupes russes n’ont pas réussi à entrer dans la ville, je n’ai pas eu l’occasion de les voir. Et tout ça est grâce à notre armée, ils se sont bien préparés pour cette bataille et c’est grâce à eux qu’ils ne sont pas là.

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