Devant la maison de son patron, récemment touchée par un bombardement, Vassili Kouchtch, jure contre ces "enfoirés de Russes" qui détruisent chaque jour un peu plus son village, puis reprend sa pelle : "Je dois travailler. Je n'ai nulle part d'autre où aller."
Mala Tokmachka, à 70 km au sud-est de Zaporijjia et à quelques kilomètres de la ligne invisible séparant les troupes de Moscou des forces de Kiev dans le sud de l'Ukraine, est réveillée chaque nuit par les roquettes russes fendant le ciel, et contemple chaque matin leur funeste contribution.
Depuis peu, la clôture métallique de l'employeur de Vassili fait l'accordéon. Plusieurs fenêtres de ses deux tracteurs hors d'âge, garés dans le jardin, ont implosé. Des gravats jonchent le sol. La petite bombe responsable des dégâts a déposé sa signature, un trou net dans la terre, juste devant la maison.