Les batailles sur le terrain ukrainien se doublent-elles d’une véritable cyberguerre ? On croyait les Russes à la pointe dans le domaine. Ils se révèlent plutôt faibles, notent les experts.
Analysant le conflit ukrainien sous l’angle cyber, Jon Bateman, chercheur principal à la Fondation Carnegie pour la paix internationale, conclut ainsi : "Il est donc probablement trompeur de considérer le cyberespace comme un ‘cinquième domaine’de guerre équivalent en stature à la terre, la mer, l’air et l’espace." La guerre numérique déçoit donc, si l’on peut dire.
Elle n’est pourtant pas inexistante. Il y a bien un front sur la toile. Le CyberPeace Institute (une ONG basée à Genève) dénombre 918 cyberattaques ou cyberopérations liées à ce conflit, au 13 janvier 2023.
La charge a été particulièrement forte juste avant et au début de l’invasion. Il s’agissait alors d’attaques peu sophistiquées, mais nombreuses. "Il y a eu énormément d’attaques par déni de service (DDoS, soit inonder un site de requêtes afin de le rendre indisponible, ndlr) qui ont visé beaucoup de structures bancaires et étatiques ukrainiennes", explique Christine Dugoin-Clément, chercheuse associée à la chaire "risques" de l’IAE Paris-Sorbonne Business School et au CREOG.
"Ensuite, on a eu des opérations plus fines, dont une a marqué les esprits : l’attaque du système satellitaire KA-SAT, utilisé notamment par l’armée ukrainienne, mais aussi par l’Allemagne, pour la gestion de ses éoliennes."
En avril dernier, il y a également eu une démultiplication d’attaques par des malwares de type "wiper", des virus informatiques qui détruisent des données, précise encore Christine Dugoin-Clément.