Guerre en Ukraine

Guerre en Ukraine : la Russie suspendue du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU

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Par Miguel Allo sur base de l'invité dans l'Actu sur la Première

Les forces russes se sont repliées sur l’Est de l’Ukraine, le Donbass. Elles se repositionnent donc, et elles ne sont plus qu’à une vingtaine de kilomètres de la ville de Kramatorsk, considérée comme la capitale de la région. De son côté, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) s’attend à une offensive d’envergure, l’Ukraine aussi. Les autorités appellent les civils à évacuer la région depuis plusieurs jours.

Pause opérationnelle avec pour objectif une offensive d’ampleur

Comment comprendre la stratégie russe actuelle de se recentrer sur la région du Donbass ? Est-ce dû aux difficultés rencontrées dans le reste de l’Ukraine. "Tout à fait" estime Julien Pomarède, chercheur en sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles (ULB), voire "un échec" ajoute-t-il. Pour ce spécialiste de la Russie, les Russes se sont repliés du pourtour de Kiev et cela a été annoncé comme un acte de bonne foi dans le cadre des négociations avec les Ukrainiens. "En fait, c’est un coup politique et militaire". Il s’agit plutôt de se replier face à des opérations qui n’ont pas fonctionné autour de la capitale.

L’objectif à présent est de se replier : "Jusqu’en Biélorussie, voire jusqu’en Russie pour reconsolider les forces militaires et les rendre à nouveau aptes au combat pour les redéplacer vers le Donbass et mener cette grande offensive qui aura lieu dans les prochains jours, prochaines semaines". Julien Pomarède précise cependant que des combats sont en cours actuellement dans le Donbass autour de la ville d’Izioum (entre Kharkiv et Lougansk), une sorte de bastion ukrainien où les Russes essayent d’opérer, mais aussi à Sloviansk et Severodonetsk.

Pour le chercheur en sciences politiques à l’ULB, on assiste en ce moment en Ukraine à une véritable "pause opérationnelle" de la part des forces russes pour se reconsolider. "Il faut savoir que les forces russes ont été littéralement épuisées […] La logique c’est vraiment d’essayer de reconstruire un potentiel de force qui peut générer une offensive d’ampleur et efficace dans le prochain mois".

Transformer un échec en un succès minimal

L’Est de l’Ukraine est-il une cible "facile", ce qui expliquerait un redéploiement des forces russes dans cette région. Pour Julien Pomarède, ce qu’essaie de faire le président russe Vladimir Poutine, "C’est de transformer un échec en un succès minimal".

Si ce n’est autour de la ville de Kherson (au sud) qui a été prise (mais où les forces ukrainiennes sont dans une position offensive), Marioupol qui va à un moment tomber en raison de l’acharnement, les Russes sont dans une position défensive un peu partout. "Ils n’ont pas réussi à avancer dans le territoire, ils ont abandonné Kiev, ils se sont repliés. Donc, il s’agit de corriger une mauvaise stratégie dans laquelle ils se sont enfoncés durant un mois (front très dispersé, des difficultés logistiques, ndlr)".

Notons que la ville de Marioupol est rasée à 90%. Pour les Russes, il est impossible d’abandonner, car cela serait considéré comme un aveu d’échec. Cela permet aussi à la Russie une maîtrise complète de la côte sur la mer d’Azov. Par ailleurs, les troupes russes cherchent de cette façon à encercler les forces ukrainiennes (à l’Est avec les séparatistes, du nord en venant d’Izioum et du sud avec Marioupol). Mais tout cela ne sera pas facile à mettre en place avec des forces russes épuisées autour de Marioupol.

La Russie suspendue du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies

L’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) a suspendu ce jeudi 7 avril la Russie au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies en raison des atteintes "flagrantes et systématiques" aux droits humains et au droit international humanitaire qu’elle a commises dans le cadre de son invasion de l’Ukraine.

Cette suspension est une première, mais est-elle symbolique ? "Oui et non" estime Julien Pomarède car cela n’a d’abord pas d’impact direct sur le terrain opérationnel. "Mais il ne faut jamais sous-estimer la force de la diplomatie". Ce spécialiste précise que c’est là un des seuls outils dont on dispose pour essayer de faire infléchir la politique du Kremlin.

Mais le Kremlin est-il sensible à ce type de mesure ? Le chercheur en sciences politiques à l’ULB, ne le pense pas. "Déjà que les sanctions ne le font pas plier de manière militaire. Donc une suspension au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU… Disons que c’est une manière de plus de souligner une certaine forme d’isolement diplomatique de la Russie, mais sur le terrain ça n’aura pas d’effet."

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