Déclic

Guerre en Ukraine : Le charbon fait son retour en Europe. Faut-il s'inquiéter ?

© Pixabay

Depuis plusieurs semaines, le sort des mineurs de charbons ukrainiens. Ils sont élevés en véritables héros nationaux depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Pourquoi ? L'analyse d'Hélène Maquet.

On les reconnaît facilement parce qu'autour de leurs yeux, accroché à leur paupières, à leurs cils, à leurs cernes. Il reste toujours un peu de cette suie qui s'incruste et qui assombrit leur regard et qui dit en une seconde que leur vie, c'est le charbon.

La charbon fait partie de la stratégie de guerre

Nous sommes à Perchotravensk dans le Donbass. Cité minière à 80 km de la ligne de front. Ici, ils sont encore des centaines à descendre à la mine : Casque rouge sur la tête, équipement de travail gris, empiècement jaune aux épaules.

Il y a moins d'un an, les mineurs ukrainiens pensaient encore travailler dans une industrie déclinante.

Mais, aujourd'hui, à Perchotravensk, où Mediapart leur consacre un grand reportage et où le Monde s'est rendu il y a quelques mois, les mineurs font partie de la stratégie de guerre.


Au même titre que ceux partis sur le front, ils travaillent aujourd'hui pour la victoire ukrainienne.L'enjeu, c'est de remplacer le gaz russe. L'enjeu c'est le charbon thermique : celui qu'on utilise pour se chauffer, mais surtout, celui qu'on brûle dans des centrales électriques.

Fin juin, le leader de la production de charbon et d'électricité ukrainen,  D.TEK, annonçait vouloir remplir les stocks de charbon du pays. Son patron déclarait que l'Ukraine prévoyait d’augmenter les stocks nationaux de charbon thermique de 2  à 3 millions de tonnes avant l’hiver.

Les mines sont devenues à ce point stratégiques que D.TEK refuse de nommer les mines et de dire combien sont en activité.

20 000 employés travailleraient aujourd'hui dans les mines et les usines de D.TEK Energy.

Un métier éreintant et dangereux pour ceux qui descendent sous-terre à quelques dizaines de kilomètres (à peine) de la ligne de front. Le risque ce ne sont pas les bombardements mais les coupures d'électricité. L’ascenseur, les pompes qui évacuent l’eau ou celles qui amènent l’oxygène fonctionnent à l’électricité.

" S’il n’y a plus de courant, la durée de vie, au fond, c’est 30 minutes ", explique un mineur au journaliste de Mediapart.

En fait, le charbon devient un véritable enjeu énergétique pas seulement en Ukraine.

Évidemment il y a la Chine et l'Inde qui brûlent énormément de charbon, et la guerre en Ukraine renforce cette situation. Mais c'est aussi le cas en Europe.

Et c'est un peu là que le déclic se fait. Avec la diminution - voire à terme l'arrêt des importation de gaz russe - le charbon vit une sorte de retour en grâce en Europe aussi.

La semaine dernière, une étude du Global Carbon Project, organisation qui cherche à quantifier les émissions de gaz à effet de serre et à identifier leur sources disait ceci :

D'une part, cette année, les émissions dues au charbon, en décroissance depuis 2014, devraient retrouver voire dépasser leur niveau record de l'époque. D'autre part, pour l'Union européenne, les émissions de gaz à effet de serre liées au gaz s'effondrent de 10 % alors que celles liées au charbon bondissent de 6,7 %.

Pour pallier l'absence de gaz russe, l'Allemagne et l'Autriche ont annoncé le redémarrage d'urgence de centrales à charbon qui avaient été éteintes. Certaines ont été reconnectées au réseau électrique pour recommencer à produire.

La charbon fait un retour en force

Les Pays-Bas ont levé la restriction sur les centrales électriques qui utilisent des combustibles fossiles dont - évidemment - le charbon. La France, par exemple, se réserve la possibilité de relancer la centrale de Saint-Avold en Lorraine.

Avant l'invasion de l'Ukraine, 70% de l'approvisionnement nécessaires aux centrales à charbon venait de Russie.

Or, il est aujourd'hui interdit d'importer du charbon depuis la Russie. C'était dans le 5eme train de mesures décidées en avril. L'interdiction est entrée en vigueur au mois d'août.

Il faut trouver d'autres fournisseurs : Etats-Unis, Colombie, Afrique du Sud qui voit un véritable bond dans ses exportations. C'est un marché qui est en train de bouger. Et qui pose des enjeux énormes en terme d'émissions et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Et en Belgique ?

En Belgique, on n'a pas de centrale électrique à charbon. Mais aujourd'hui 14 novembre 4,2 % de l'électricité disponible en Belgique est importée d'Allemagne et 8,49 % est importée des Pays-Bas.

Et ça ça pèse sur nos émissions de CO2.

Déclic et des claques

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