Lundi, le Premier ministre belge Alexander De Croo avait exprimé à la Chambre certaines réserves. Selon lui, si les sanctions européennes ont également fait souffrir l’UE jusqu’ici, c’était avec un impact "assez généralisé". "Mais plus on va loin dans de nouvelles sanctions, plus on touche à des domaines où l’impact serait très asymétrique" entre les différents pays de l’UE. "Je plaide donc pour la prudence, […] éventuellement agir avec des dispositions transitoires, ou sur base d’engagements des secteurs", ajoutait-il face au Comité d’avis fédéral chargé des questions européennes.
De source bien informée, il apparaît que la Belgique et plus particulièrement la Wallonie s’inquiétaient des nouvelles restrictions prévues sur le commerce de l’acier, et auraient plaidé pour une forme de transition. À la Chambre lundi, le député PS André Flahaut évoquait même un risque de fermeture d’usine : "si on accepte ce huitième paquet de sanctions, il est clair que deux usines en Belgique, deux usines (du sidérurgiste russe) NLMK localisées à Clabecq et à La Louvière, seront directement impactées".
L’acier fait bien partie du paquet approuvé à l’unanimité jeudi. L’importation dans l’UE de produits sidérurgiques finis ou semi-finis originaires ou exportés de Russie sera désormais totalement interdite. Mais pour deux produits semi-finis nécessitant, pour des raisons strictement techniques, une transformation ultérieure par l’industrie sidérurgique de l’UE, l’interdiction totale entrera en vigueur après une période de transition maximale de deux ans. "Il s’agit de produits aux caractéristiques particulières pour lesquels certains opérateurs UE devront diversifier leur approvisionnement (hors de la Russie) en quantité importante", selon un responsable européen. "On ajoute également une interdiction d’importation indirecte, dans le sens où les produits semi-finis de l’aciérie russe transformés par des pays tiers seront interdits", dans un délai d’un an.
Toujours sur le plan des sanctions économiques, les interdictions d’exportations vers et d’importations depuis la Russie sont étendues à d’autres domaines. La Commission parle d’interdictions additionnelles pour une valeur de près de 7 milliards d’euros au niveau des importations (acier, papier et pâte à papier, bijouterie, plastiques, etc.) Dans l’autre sens, de nouveaux composants électroniques sont visés, mais aussi davantage d’armes, et il sera interdit de fournir à des entités légales russes des services de consultance IT, ingénierie et architecture, ou de conseils légaux.
Un élément majeur de ce huitième paquet est aussi qu’il établit la base d’un futur "plafonnement de prix" du pétrole russe, comme convenu au sein du G7. En réalité, il s’agira d’une interdiction de fournir des services de transport, d’assistance technique, de financement ou d’assurance pour le transport maritime de pétrole brut (en décembre) puis de produits raffinés (février) depuis la Russie vers des pays tiers, sauf si ces produits sont vendus sous un certain montant, qui reste encore à déterminer avec les partenaires internationaux.