Alors que l’Ukraine de Zelesnky sur le terrain s’est distinguée ces derniers mois par la souplesse et l’intelligence de ses forces armées, la Russie de Poutine, elle, a décidé de jouer une autre carte, incapable de gagner la guerre selon les règles de la guerre applicables aux forces gouvernementales et aux groupes armés non étatiques, celle de l’escalade barbare.
Caractérisée par des bombardements aveugles, avec en ligne de mire les civils, dans le but de tuer et de terrifier, cette manière de faire est aussi qualifiée de "logique des lâches" dans l’art de la guerre. Une fureur d’un autre siècle, ou presque, que celle du maître du Kremlin, poussée et aidée par la victime d’hier, la Tchétchénie, dévastée par la brutalité de Poutine il y a 20 ans mais désormais commandée par un président aux ordres de Moscou. À moins que ce ne soit le contraire. Car le tsar Vladimir est sous-pression, haute pression. Autour de lui les têtes tombent, ou ne tiennent plus qu’à un fil.
Le général Sergei Surovikin, alias "le boucher d’Alep" et vétéran des massacres russes en Tchétchénie et en Syrie, vient d’ailleurs d’être promu commandant des opérations militaires en Ukraine. Gerassimov et Choïgou sont dans la ligne de mire de l’ami tchétchène qui leur veut du bien, Kadyrov, et de son compère Prygojine, le père de la milice Wagner, qui rêve de plus de pouvoir et donc de liberté pour mener à bien ses exactions militaires tarifées, comme en Afrique.
Sur le terrain, les frappes ont repris la nuit dernière et ce mardi, notamment à Zaporijjia, à Dniro ou à Lviv, où l’électricité est coupée à 30 pourcents et où certains quartiers sont privés d’eau. Voilà qui confirme la volonté de Moscou de "poursuivre sa revanche". Plusieurs services de renseignements auraient par ailleurs alerté Kiev sur le désir de Moscou de tuer Zelensky, prime à la clef pour les exécuteurs potentiels.
Le bilan actuel, après les nombreux bombardements de ce lundi à Kiev, Lviv et d’autres villes du pays, s’élève au moins à 19 morts et 105 blessés. Une vague d’attaques en représailles de l’explosion du pont de Kerch, symbole de l’annexion Russie-Crimée, qui a suscité la condamnation de nombreux pays alors que s’ouvrait l’Assemblée générale de l’ONU qui devrait tenter de sanctionner l’annexion des territoires occupés.
Reste la question biélorusse. Loukachenko entrera-t-il en guerre comme le souhaiterait Moscou, son principal bailleur de fonds et d’énergie ? Un groupe régional conjoint a été mis en place avec les troupes russes, signe que quelque chose est en train de changer sur le front ouest également.
Retrouvez le déroulé de ce 230e jour de guerre en Ukraine ci-dessous :