Guerre en Ukraine

Guerre en Ukraine : le point sur le conflit ce 5 janvier

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Par Miguel Allo avec agences
Ce 5 janvier a été marqué par l’annonce par Vladimir Poutine d’un cessez-le-feu en Ukraine les 6 et 7 janvier à l’occasion du Noël orthodoxe, après une demande en ce sens du patriarche Kirill.
 
Le Kremlin avait été exhorté également par le président turc Recep Tayyip Erdogan à appliquer ce cessez-le-feu. "Les appels à la paix et les négociations entre Moscou et Kiev devraient être soutenus par un cessez-le-feu unilatéral", a déclaré le chef de l’État turc à Vladimir Poutine au cours d’un entretien téléphonique, selon un communiqué transmis par la présidence turque.
 
L’annonce du cessez-le-feu a été plutôt mal accueillie du côté ukrainien : le président Zelensky estime qu’il s’agit d’une "excuse pour tenter, ne serait-ce que temporairement, d’arrêter la progression de nos hommes dans le Donbass et nous empêcher d’y acheminer des équipements, des munitions et d’y mobiliser des soldats".
 
Quelques heures plus tôt, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba avait déclaré sur Twitter que ce cessez-le-feu "ne devait pas être pris au sérieux". Le ton était également très dur du côté de Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne. Il avait qualifié le cessez-le-feu russe "d’hypocrisie".

Les réactions occidentales

Après l’annonce, les réactions des puissances occidentales ne se sont pas fait attendre. Le "soi-disant" cessez-le-feu russe n’apportera "ni liberté ni sécurité aux personnes qui vivent dans la peur quotidienne sous l’occupation russe", estime Berlin. La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a écrit sur Twitter que "Si Poutine voulait la paix, il ramènerait ses soldats à la maison et la guerre serait terminée. Mais apparemment, il veut poursuivre la guerre, après une brève interruption". Pendant la soirée, Londres a aussi affirmé que le cessez-le-feu russe "ne fera rien" pour avancer vers "la paix".

De son côté, le président américain Biden juge que Poutine cherche "à se donner de l’air" en annonçant un cessez-le-feu en Ukraine. Le président russe "était prêt à bombarder des hôpitaux, des crèches et des églises […] le 25 décembre et lors du Nouvel an […] Je pense qu’il cherche à se donner de l’air", a affirmé M. Biden lors d’un discours à la Maison Blanche.

Des livraisons allemandes et américaines à l’Ukraine

L’autre dossier chaud de la journée concernait la livraison, de la part de l’Allemagne, de chars à l’Ukraine. Le chancelier Olaf Scholz a été mis sous pression par les membres de sa coalition, après l’annonce par la France de la livraison de chars de combat légers.

En début de soirée, la Maison Blanche a annoncé que les Etats-Unis et l’Allemagne envisageaient de livrer à l’Ukraine des blindés d’infanterie, de type Bradley côté américain et de modèle Marder côté allemand.

Qui plus est, l’Allemagne va fournir un système de défense antiaérienne Patriot à l’Ukraine, à l’instar des Etats-Unis. Les annonces ont été faites après une conversation téléphonique entre Joe Biden et Olaf Scholz.

La Russie prête à un dialogue avec l’Ukraine à condition qu’elle accepte "les nouvelles réalités territoriales"

La Russie est ouverte à un dialogue avec l’Ukraine à condition que celle-ci accepte les "nouvelles réalités territoriales" née de l’offensive russe, a affirmé jeudi le président Vladimir Poutine durant son échange téléphonique avec le président turc Erdogan.

Entre-temps, un premier groupe de prisonniers russes a été amnistié et libéré pour avoir accepté de combattre en Ukraine, a annoncé jeudi le patron du groupe paramilitaire Wagner dont les hommes sont présents sur le front aux côtés de l’armée russe.

Pourtant, les critiques montent en Russie après la frappe meurtrière de Makiïvka (est de l’Ukraine), qui, pendant la nuit du Nouvel an a frappé et tué 89 personnes. Du côté ukrainien, on évoque un bilan bien plus élevé dans les rangs russes, chiffré à 400 morts et 300 blessés.
 

Selon le général russe Sergueï Sevrioukov, dans un message vidéo diffusé par son ministère, la "cause principale" de la frappe est "l’utilisation massive par le personnel de téléphones portables" malgré l’interdiction de le faire, ce qui a permis aux forces ukrainiennes de géolocaliser cette concentration de soldats russes.

Selon les médias russes, les victimes étaient des mobilisés, donc des soldats non professionnels. En Russie, l’annonce du bilan plus lourd n’a pas manqué de susciter de nouvelles critiques envers le commandement militaire, déjà fustigé lundi et mardi pour son "incompétence" par des correspondants et commentateurs. De nombreux Russes demandaient, eux, sur les réseaux sociaux, une enquête transparente sur les circonstances de la frappe.

Selon l’armée russe, cette attaque a été menée à l’aide de systèmes lance-missiles Himars, une arme fournie par les Etats-Unis à l’Ukraine, qui permet de frapper loin derrière les lignes ennemies. D’ailleurs, John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain a affirmé qu’il n’y avait "aucune lamentation de la part de l’administration (américaine). C’est la guerre. (Les Ukrainiens) ont été envahis et ils se défendent. Les soldats russes qui se trouvent sur leur territoire sont une cible légitime d’action militaire pour l’Ukraine, point final".

L’homme d’affaires ukrainien Kostiantin Jevago remis en liberté en France

Interpellé en France et réclamé par l’Ukraine, le richissime homme d’affaires ukrainien Kostiantin Jevago se dit victime d’une "affaire politique" dans son pays alors qu’il estime avoir toujours "combattu les gens corrompus en Ukraine". Il a été remis en liberté sous caution (1 million d’euros) jeudi en Savoie, avant une audience sur son éventuelle extradition pour "infractions financières".

La cour d’appel a renvoyé au 19 janvier l’examen de la validité de la demande d’extradition, faisant droit aux deux avocats de l’ancien député ukrainien, qui ont mis en avant une grande quantité de pièces à traduire. L’actionnaire majoritaire de la société minière Ferrexpo, cotée à Londres, s’est aussi défendu d’être un oligarque affirme avoir demandé 15 fois une audience pour s’expliquer devant la justice ukrainienne.

Il s’est dit prêt à retourner en Ukraine "non pas pour aller en prison, mais pour combattre les agresseurs" russes. L’homme a été député de 1998 à 2019. Il a été battu aux législatives par un candidat du parti de Volodymyr Zelensky.

Début du procès du prix Nobel Ales Bialiatski en Biélorussie

Ce jeudi débutait également à Minsk, en Biélorussie, le procès d’Ales Bialiatski, un militant biélorusse pour la démocratie emprisonné, colauréat du Prix Nobel de la paix 2022. C’est le centre Viasna, qu’il a fondé pour la défense des droits humains, qui l’a annoncé.

M. Bialiatski ainsi que ses collaborateurs jugés avec lui ont comparu dans la cage réservée aux accusés, selon des images de l’agence de presse russe RIA Novosti. Les trois hommes sont détenus depuis juillet 2021.

Initialement inculpés d’évasion fiscale, ils sont désormais accusés d’avoir fait entrer de grandes quantités d’argent liquide en Biélorussie et d’avoir "financé des actions collectives portant gravement atteinte à l’ordre public" et risquent de 7 à 12 ans de prison.

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