"L’Ukraine devrait enquêter sur l’utilisation apparente par son armée de milliers de mines terrestres antipersonnel tirées par des roquettes dans et autour de la ville d’Izioum dans l’est du pays." Voilà ce que l’on peut lire en introduction du rapport diffusé ce 31 janvier par l’ONG Human Rights Watch (HRW). Dans ce cas-ci, ce ne sont pas les troupes russes qui sont critiquées, mais bien l’Ukraine. "C’est la première fois qu’on documente l’utilisation de mines antipersonnel potentiellement de la part de l’armée ukrainienne depuis le début de ce conflit", précise Philippe Dam, directeur du plaidoyer auprès de l’Union européenne de Human Right Watch à Bruxelles.
Selon, l’organisation de défense des droits humains, les forces ukrainiennes ont apparemment tiré un type de roquettes chargées de mines antipersonnel qui se dispersent ensuite sur le sol. L’ONG en a retrouvé un grand nombre dans la région d’Izioum, dans l’est du pays. Une région qu’occupaient les forces russes entre avril et septembre 2022.
Au cours de son enquête sur place, HRW a interrogé une centaine de personnes, précise-t-elle. D’après les soignants, une cinquantaine de civils ont été blessés par ces armes. Environ la moitié a été amputée du pied ou de la jambe inférieure.
Ce type d’armes ne fait pas la distinction entre civils et combattants. Elles entravent l’acheminement de l’aide humanitaire et empêchent les activités agricoles, mais elles peuvent aussi rester dissimulées dans le sol et rester potentiellement dangereuses pendant des années. Autant de raisons qui expliquent pourquoi leur utilisation est contraire au droit international. L’Ukraine est par ailleurs signataire de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel. "Et donc, c’est vraiment fondamental que l’armée ukrainienne réaffirme son engagement à appliquer la Convention internationale qui interdit l’utilisation de ces armes. Et puis à enquêter sur les conditions d’utilisation de ces armes, afin de faire toute la lumière et de s’assurer que les responsables, s’ils sont identifiés, puissent être punis.", ajoute Philippe Dam.
Les forces russes ont elles aussi utilisé des mines antipersonnel sur le territoire ukrainien, rappelle l’ONG qui a eu l’occasion de le dénoncer à plusieurs reprises. Mais les atrocités russes ne peuvent pas justifier l’utilisation par l’Ukraine de ces armes interdites, précise Human Rights Watch.
L’ONG de défense des droits humains demande à Kiev d’ouvrir une enquête sur l’utilisation de mines antipersonnel, de détruire ses stocks existants, et d’indemniser les victimes.